Le Bourguignon Louis-Fabrice Latour rêve en Beaujolais
oujours bonhomme et diplomate, Louis-Fabrice Latour, 51 ans, héritier de la maison Louis Latour (Côte-d’Or), hésite un instant à répondre sur un sujet qui lui tient à coeur : « Les conditions pour réussir sont moins évidentes qu’il y a un an mais, oui, nous voulons toujours parvenir à rapprocher les vignerons de Bourgogne et du Beaujolais au sein d’une même interprofession » , admet ce personnage qui compte dans l’élite du vin français. L’homme est à la fois président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne et l’inamovible viceprésident de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France.
Bourgogne et Beaujolais, deux vignobles que tout oppose aujourd’hui, furent autrefois une seule et même entité viticole. Non pour des raisons administratives, mais pour la meilleure des raisons, celle d’un goût cousin ; ne dit-on pas encore d’un
Tmoulin-à-vent qu’il “pinote” après quelques années de bouteille ? Louis-Fabrice Latour fait partie des piliers qui appellent à la réunification, un projet mûri qui se trouve aujourd’hui ralenti par la sécession des “crus” d’avec les beaujolais courants (lire La RVF n° 589, mars 2015).
Ce Bourguignon de grande maison estime que le potentiel du Beaujolais est exceptionnel. Louis Latour a d’ailleurs investi dans la maison Henry Fessy. Surtout, LouisFabrice s’est lancé dans la production de pinot noir dans la région des Pierres Dorées : « Nous sommes aux portes de Lyon, y faire du pinot noir, c’est une révolution ! » , savoure-t-il alors que ses 24 000 premières bouteilles seront commercialisées au printemps. Le nom de cette nouvelle cuvée produite sur une vingtaine d’hectares : Pinot noir des Terres Dorées. Le vigneron et ses équipes jugent que la base argilo-calcaire du sud-Beaujolais rend ce terroir très similaire à celui de la Bourgogne. « Vendre du beaujolais reste difficile, mais les lignes bougent » , assure Louis-Fabrice Latour tout en rêvant à son beaujolais du futur.