La Revue du Vin de France

JEAN-BAPTISTE ANCELOT

Jeune trentenair­e tatoué, blogueur, il sillonne les vignobles du monde depuis plus de trois ans. De retour de Chypre, son 50e pays visité, le wine explorer (*) livre ses meilleurs souvenirs.

- Propos recueillis par Baptiste Charbonnel Retrouvez le récit de ses pérégrinat­ions sur son site wine-explorers.net

La Revue du vin de France : Le plus beau vignoble ?

Jean-Baptiste Ancelot : Le domaine Casa de Piedra en BasseCalif­ornie, au Mexique, tenu par Hugo d’Acosta, le “gourou de la vallée de Guadalupe”. C’est en bord de mer, la région est semi-désertique, les paysages lunaires. J’ai pleuré devant tant de beauté.

La RVF : Le domaine le plus exotique ?

J.-B. A. : Gran Monte en Thaïlande, à 2 h 30 au nord de Bangkok. Grâce à lui, j’ai su qu’il était possible de faire un grand vin dans une zone tropicale. Les vins sont vinifiés par une femme, Nikki Lohitnavy, qui élabore un superbe blanc 100 % verdelho, un cépage portugais, et un rouge 100 % durif à couper le souffle.

La RVF : La plus belle rencontre avec un vigneron ?

J.-B. A. : Luka Krajančić, il vit sur l’île de Korčula, en Croatie. Il est aussi poète, peintre et philosophe. Il parle peu, ses vins s’expriment pour lui. Il nous a déclamé un poème en croate, quelle émotion !

La RVF : Le vignoble le plus difficile à travailler ?

J.-B. A. : Le domaine Neuras, en Namibie. C’est une oasis entourée de 100 km de désert. Le travail à la vigne se fait en permanence sous 40° C. J’y ai fait les vendanges. Éreintant !

La RVF : Le vignoble qui donne envie de s’y installer ?

J.-B. A. : L’île Waiheke en Nouvelle-Zélande, juste à côté d’Auckland. Le temps semble s’y être arrêté. Les gens sont “roots” et tatoués. C’est le seul endroit de l’Hémisphère sud où j’ai eu plaisir à boire du cabernet-sauvignon, notamment le 1999 du domaine Te Motu.

La RVF : Le domaine le moins accessible ?

J.-B. A. : La Rift Valley Winery, au Kenya. Pour visiter le domaine, il faut huit jours : trois pour le trouver, il n’y a ni adresse ni panneau, trois pour être accepté, c’est très dur de les convaincre de nous laisser entrer, et deux pour faire la visite !

La RVF : Une erreur de parcours ?

J.-B. A. : Je pensais trouver des vignes au Kirghizist­an, mais la politique anti-alcool sous Gorbatchev a conduit à l’arrachage du vignoble en 1985. Et sur l’île Maurice, ils font du vin, mais… de fruit. J’ai fait goûter un vin de litchi à un sommelier qui l’a pris pour du gewurztram­iner.

La RVF : Ton prochain tatouage ?

J.-B. A. : J’ai un projet au Portugal. Pour l’instant, j’ai douze tatouages, mais j’en voudrais autant que de pays visités, pour avoir des histoires à raconter à mes petits-enfants.

La RVF : Un accord mets et vin mémorable ?

J.-B. A. : Le cochon à la broche arrosé de vins rouges locaux à Mostar, en Bosnie. Un délice !

La RVF : Un coup de coeur de dégustatio­n ?

J.-B. A. : La cuvée Pro Corde, issue du vranać, un cépage des Balkans, produite au Monténégro par le domaine Plantaze. C’est le plus grand vignoble d’Europe d’un seul tenant, 2 310 hectares. Le vin est croquant, soyeux, facile à aborder. Un immense plaisir à 5 euros !

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