Les vendanges et l’histoire du climat
Le vin doit beaucoup aux moines, c’est une certitude. Dès le Moyen Âge, les religieux qui cultivent la vigne tiennent des registres extrêmement précis des dates de vendanges. Ces tables calendaires vont représenter, plusieurs siècles plus tard, un véritable trésor pour des générations d’historiens, parmi lesquels Emmanuel Le Roy Ladurie. Ce disciple de l’École des Annales a utilisé ces données très fiables pour comprendre l’évolution du climat. En analysant les dates de vendange sur plusieurs siècles, l’ auteur du célèbre Mon ta ill ou, village occitan de 1294à1324 a pu mettre en évidence les variations du climat, notamment le fameux “petit âge glaciaire”, qui s’étend sur plusieurs siècles, du Moyen Âge au XVIIIe siècle : une période de guerres, de famines, d’hivers rudes et d’agriculture peu productive. Mais Emmanuel Le Roy Ladurie a aussi découvert un autre phénomène, moins connu : de 900 à la fin du XIIIe siècle, le monde a connu une période de réchauffement, le “petit optimum climatique”. Les principaux bénéficiaires de cette augmentation des témpératures ? Les vignobles du sud de l’Angleterre, qui en ont profité pour se développer.