La Revue du Vin de France

L’arrivée de Vinexpo à Paris crée des remous à Bordeaux

Voulue par son ex-directeur Guillaume Deglise, l’installati­on de Vinexpo à Paris, en alternance avec Bordeaux, provoque un choc frontal avec Comexposiu­m.

- Jérôme Baudouin

La tension monte d’un cran entre les grands salons internatio­naux de vins. Le leader mondial, l’Allemand Prowein, caracole toujours en tête. Le salon de Düsseldorf revendique 6 870 exposants et 60 000 visiteurs pour sa dernière édition. Mais du côté français, c’est un peu la soupe à la grimace. En novembre dernier, Vinisud a été repris par le géant français de l’événementi­el Comexposiu­m (Foire de Paris) en vue de le fusionner avec Vinovision, son salon des vins septentrio­naux récemment lancé à Paris. Mais la dernière édition de Vinisud n’a pas connu le succès escompté et Vinovision peine à décoller. Dans ce contexte, le départ fin mai du directeur général de Vinexpo, cinq après son arrivée, l’ambitieux Guillaume Deglise, est vu comme un signal de crispation du secteur.

Vinexpo à Paris ? Ça coince à Bordeaux…

Il faut dire que Vinexpo, qui a lieu tous les deux ans, voit la concurrenc­e se renforcer. Les salons alternatif­s ou thématique­s, comme Millésime Bio (Montpellie­r) ou la Dive Bouteille (Saumur), plus accessible­s et conviviaux que la grande messe bordelaise, séduisent importateu­rs et distribute­urs. Si bien que l’édition 2017, à Bordeaux (2 300 exposants et 40 000 visiteurs) a même enregistré une

baisse de 11 % de sa fréquentat­ion par rapport à 2015. Sont aussi pointés du doigt les difficulté­s de circulatio­n à Bordeaux et le manque d’hébergemen­ts, rares et chers sur les deux rives de la Garonne. Les remèdes prescrits, réduction de la durée du salon de cinq à quatre jours et création, en alternance avec Bordeaux, d’une édition parisienne qui sera lancée en 2020 sont contestés. La dernière propositio­n, en particulie­r, n’a pas plu aux acteurs girondins, alors que la CCI de Bordeaux

possède 98 % de Vinexpo. « Certains ont peur que l’édition parisienne ne prenne le pas sur la version

bordelaise » , souligne un proche du dossier. Beaucoup de négociants bordelais considèren­t aussi que Vinexpo attire ses visiteurs grâce aux dîners et fêtes fastueuses données dans les crus classés lors du salon. Pourquoi, dès lors, partir à Paris ?

Cette montée de la grogne en Gironde et le départ de Guillaume Deglise n’empêchent pas l’équipe de Vinexpo de préparer la commercial­isation de la future édition de Paris, cité mieux dotée en hôtellerie, mais où la concurrenc­e avec l’alliance Vinovision-Vinisud s’annonce d’ores et déjà terrible. Y a-t-il, en effet, assez de place pour deux salons internatio­naux dans la capitale ? Vinexpo et son actionnair­e bordelais n’ont pas le droit à l’erreur et doivent réussir leur pari.

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Après Vinovision, voilà Vinexpo qui s’installe à Paris. Mais y a-t-il assez de place pour ces deux gros salons dédiés au vin ?

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