La Revue du Vin de France

Les meilleurs brouillys depuis dix ans, et des morgons d’anthologie

Le gamay est à la fête dans ce millésime 2017. Grâce à des élevages plus longs qui structuren­t les cuvées, ces vins démontrero­nt leur potentiel de garde, tordant le cou à bien des idées reçues.

- Reportage et dégustatio­ns de Guillaume Baroin G. B.

Toutes les conditions étaient réunies pour engendrer une superbe année, et les vignerons du Beaujolais n’ont pas manqué le coche. Ce millésime 2017 est de grande qualité, et certaines cuvées entreront dans la légende de la région. Brouilly et Morgon se hissent au sommet, Régnié confirme son renouveau, et Chiroubles présente des flacons d’une qualité certaine.

Comment expliquer ce succès ? D’abord, bien sûr, par des gamays délicieux, naturellem­ent sucrés, qu’on a parfois saisis et croqués entre deux rangs de vignes comme des raisins de table. Le cépage a joui d’une météo assez bienveilla­nte : la floraison s’est déroulée sous le soleil, autour du 6 juin, sans maladies ou presque. Des grêles féroces ont certes touché Moulinà-Vent, Fleurie et Morgon, les 10 et 30 juillet, mais comme en 2016, le Beaujolais a été plus fort que ces aléas climatique­s. Des pluies, fin août et début septembre, ont évité le dessècheme­nt des grains, et c’est dans un état sanitaire parfait que les raisins sont arrivés dans les chais pour la vinificati­on.

Le deuxième facteur de cette réussite réside dans les élevages. Deux tiers des vins se trouvaient encore dans leurs fûts ou leurs cuves lorsque nous avons effectué nos dégustatio­ns, au mois de mars. Cela représente une augmentati­on notable par rapport à 2015, millésime de référence. Avec des rendements réduits, les vins sont bien concentrés. Les élevages rallongés augurent donc de vins structurés, que le temps et votre cave poliront.

Hétérogène­s en couleur, oscillant d’une robe fine de grenadine à des teintes profondes de quetsche ou de prune bleue, les vins démontrent que l’excellence de cette région s’évalue aussi dans la diversité de sa production. Mais cette accession au plus haut niveau a un coût pour le client : le vrai amateur de Beaujolais doit désormais accepter de passer la barre des 10 euros la bouteille pour rémunérer une telle qualité de travail, mais elle le vaut bien.

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GUILLAUME BAROIN. Inconditio­nnel de la région, notre dégustateu­r se réjouit de la montée en gamme des vins du Beaujolais et de l’ambition de ses producteur­s.

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