Des pépites dans chaque secteur, mais le nord du Médoc triomphe !
Si les volumes sont réduits par le gel de printemps, on trouvera de belles cuvées dans ce millésime qui, sans atteindre la qualité du 2016, demeure de bonne facture. Les blancs surclassent de peu les rouges.
Bordeaux aurait-il enfin réussi à conjurer le sort des millésimes en 7 ? Après un 1947 légendaire, ceux-ci ont été au mieux acceptables (2007), au pire franchement catastrophiques (1957, 1967, 1977). Au regard de nos dégustations réalisées pendant les primeurs, il est permis de le penser, mais avec une nuance de taille.
Cette nuance, c’est l’épisode de gel qui a frappé la région les 27 et 28 avril 2017. Deux nuits terribles pour une grande partie du vignoble, avec des conséquences désastreuses pour certains crus. En moyenne, 40 % des volumes produits dans la région ont été perdus.
Pour ceux qui ont eu la chance d’en réchapper, 2017 semble s’imposer comme un millésime plutôt réussi. Évidemment, on ne trouvera en bouteille ni la structure, ni la profondeur, ni l’ampleur des 2016 et des 2015. Mais ce sont des vins de fort belle facture, au profil assez frais, juteux et fruités. Lors des primeurs, ils se dégustaient bien, absorbant les boisés et révélant des tanins fins. Mais attention : ils ne sont ni maigres ni chétifs, et nous avons beaucoup apprécié leur éclat.
Au hit-parade des réussites, pointons le nord du Médoc. À Saint-Estèphe, Pauillac et même en partie à Saint-Julien, appellations totalement épargnées par les gelées, le cabernet-sauvignon qui structure les vins a atteint une superbe maturité. Ailleurs, il faudra regarder la situation au cas par cas… Dans les Graves, à Pessac-Léognan et sur la Rive droite, nous recensons de jolies réussites individuelles.
Reste une inconnue : toutes les propriétés n’ont pas encore dévoilé les prix de leurs vins, mais ils semblent en baisse par rapport au très onéreux 2016. Un tarif situé entre ceux des 2014 et des 2015 serait judicieux et permettrait de relancer la machine qui sort, peu à peu, du “Bordeaux bashing”. La région tient là une occasion unique de redorer son image auprès des amateurs. Espérons qu’elle saura la saisir.