Maury plutôt que Banyuls, les rouges plutôt que les blancs !
Ouf ! L’année a été globalement réussie dans la région et offrira aux passionnés de très beaux vins rouges. Il est toutefois inquiétant de voir des vins d’appellations souvent surclassés par de “simples” IGP.
Après une année 2016 pénible et marquée par la sécheresse, qui laissa aux vignerons des raisins “nanifiés” évoquant presque des myrtilles, que réserve ce millésime 2017 ? En deux mots : réussite générale. La dégustation offre un surcroît de jus, de “liquide”, de délié. Le fruit, surtout en rouge, montre davantage de finesse et d’éclat. Enfin, les rendements sont corrects, à l’aune d’un Roussillon où ils demeurent toujours très bas.
Ce qui a fait la différence, ce sont les bonnes réserves hydriques accumulées pendant l’automne et l’hiver. Car la saison a ensuite été plutôt sèche, malgré quelques petites pluies. Les gelées qui ont frappé si fort en Languedoc n’ont ici touché que quelques bas-fonds. Le cycle de la vigne, en avance, a déclenché des vendanges particulièrement précoces, parfois trop. La conséquence de ces récoltes anticipées se retrouve logiquement dans certains vins, avec des arômes verts, herbacés.
Si 2017 apporte une certaine sérénité dans le verre, la disparité dans la façon dont les vins sont classés administrativement a de quoi perturber. C’est une nouvelle fois dans les IGP que l’on rencontre les vins les plus ambitieux et les plus aboutis. Cette inversion de la pyramide administrative, propre au Roussillon, pose question. Pose-t-elle obligatoirement problème ? On entre ici dans le dur du lien au terroir, celui-là même revendiqué par les AOC.
Déguster côte à côte AOC et IGP est fort instructif. Comment des côtes-du-roussillon rouges, dominées par l’expression variétale de la syrah, ou des blancs n’ayant qu’un fruité primaire exotique induit par des levures dites aromatiques peuvent-ils prétendre à davantage de légitimité dans leur message du terroir que certains vieux carignans ou macabeus en IGP ou VDF ? L’évidence du goût finit par bousculer la doxa administrative… Les vignerons et les instances collectives devraient réfléchir à ces paradoxes et tenter d’y apporter des réponses.