Hommage aux glorieux rescapés du gel d’avril !
Vivier de découvertes et de bonnes affaires, le Sud-Ouest livre un superbe millésime malgré les aléas du climat. Les rouges de Cahors, les blancs secs des Pyrénées et les liquoreux se démarquent.
Ce qui n’a pas gelé est superbe… Mais nombre de vignerons restent encore sous le coup du terrible épisode glacial qui a amputé le SudOuest de 10 à 90 % de sa récolte suivant les appellations. Pour les petits vignerons comme pour les gros producteurs, la nature n’a pas fait de quartier.
Dans le verre, les blancs secs cultivent énergie et tension ; les moelleux sont puissants. Cahors livre de belles découvertes et affiche une jeunesse revigorante. Les pacherencs secs et moelleux sont tendus. Bergerac propose des cuvées gourmandes, les liquoreux sont radieux. À Fronton, la négrette impose sa singularité florale ; les mauzacs de Gaillac, frais et digestes, sont justes, à l’instar du braucol, aux tanins vigoureux, mais savoureux. Enfin, le piémont pyrénéen nous offre des jurançons secs qui transmettent la minéralité des sols, et des moelleux qui s’épanchent un peu sur le sucre.
Mais pour en arriver là, que de pertes ! Si quelques îlots protégés par leurs reliefs ont été épargnés, la messe a été rapidement dite dans le nord du vignoble. Dès avril, le gel a grillé les bourgeons naissants. Bien sûr, une deuxième génération a repoussé, mais elle a obligé les vignerons à gérer des écarts de maturité. C’est sous un été plutôt clément et frais que le cycle de la vigne s’est poursuivi, jusqu’à l’automne marqué par l’été indien. Malgré les pluies de septembre, qui ont déclenché quelques rares foyers de botrytis, l’état sanitaire des raisins était globalement bon. Courage et patience ont été mis à l’épreuve lorsqu’il a fallu déterminer la meilleure date de vendange.
À Bergerac, à Cahors et à Madiran, les rouges de milieu de gamme ont été privilégiés au détriment des cuvées haut de gamme. Les vins accusent un léger déficit de profondeur et une certaine acidité. Des bémols largement compensés par leur gourmandise.