La Revue du Vin de France

LIBOURNAIS

Les appellatio­ns emblématiq­ues de Saint-Émilion, Pomerol et Fronsac proposent trois expression­s de terroirs distinctes, où s’expriment à merveille le merlot et le cabernet franc.

- Jérôme Baudouin par

Entre Fronsac, Pomerol et Saint-Émilion

Elles sont trois à se mirer, à plus ou moins de distance, dans les reflets gris-bruns de la tumultueus­e Dordogne, que remontent parfois des surfeurs funambules le temps d’un mascaret éphémère. Trois appellatio­ns campées sur une géologie sculptée par les eaux. Reliefs calcaires, plateau argilo-graveleux, plaine sableuse : cette diversité de sols permet une belle variation d’expression aux deux grands cépages de la région, le merlot et le cabernet franc.

À l’ouest de Libourne, avec son tertre majuscule et son cirque majestueux, Fronsac offre au regard sans doute l’un des plus beaux paysages viticoles de Gironde. Avec ses hameaux, comme Saint-Michel de Fronsac, nichés au coeur d’une vallée, et ses petites propriétés tournées vers la Dordogne. Le château La Rivière, forteresse surplomban­t la vallée, ou le château de la Dauphine, modeste palais au pied des vignes. Ce dernier est aujourd’hui la plus grande propriété de l’appellatio­n, 53 ha conduits en biodynamie, et un moteur de l’oenotouris­me : on y trouvera une multitude de visites et de dégustatio­ns qui mettent en avant le terroir de Fronsac, le travail des sols, la nature qui entoure les vignes.

En passant l’Isle, on découvre un relief moins tourmenté. Cette petite rivière, qui se jette dans la Dordogne à Libourne, signe en partie la géologie de Pomerol, depuis le plateau de Pétrus jusqu’aux sables de la plaine. L’appellatio­n, longtemps fermée au public, s’ouvre enfin, grâce à l’action de belles propriétés, comme le château Beauregard qui a ouvert de superbes chambres d’hôtes. Pour découvrir ce vignoble, enfourchez votre bicyclette : les pentes douces modèrent l’effort et la position surélevée offre une vue dégagée au-dessus des rangs de vignes.

Depuis la commune de Pomerol, on ne peut pas manquer la vue sur le chai du château Cheval Blanc, de l’autre côté de la route de Montagne qui marque la frontière avec Saint-Émilion. Plus grande AOC communale de France avec 5 500 ha, Saint-Émilion est un genre de best-seller touristiqu­e, avec deux millions de visiteurs par an, et une organisati­on des visites dans chaque cru qui fait parfois penser à un parc d’attraction. On en oublie presque que, derrière l’image de carte postale de ce village suspendu sur le coteau calcaire, c’est la diversité des terroirs qui fait la richesse de ce vignoble.

Le mieux est de découvrir Saint-Émilion à pied, par les sentiers : se perdre derrière Troplong-Mondot, descendre les coteaux, puis remonter du côté d’Ausone et de Belair, replonger vers Angélus… La multitude des paysages, des courbes et des pentes invite à la réflexion sur la diversité de notre patrimoine viticole.

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