Le vin comme passeport
« LE VIN EST NOTRE ATOUT : CÉLÉBRONS-LE LIBREMENT ET SANS AMBIGUÏTÉ. »
C’est une évidence qui mérite parfois d’être rappelée : notre pays entretient avec le vin un rapport spécifique. « Le vin fait assurément partie des joyaux qui
rendent la France immortelle » , rappelait Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, lors d’un rassérénant colloque organisé en juin dernier sur les rives de la Garonne par l’Académie du vin de Bordeaux.
Et pourtant, notre pays a parfois l’art de gâcher ses atouts, en particulier économiques. « La France ne bâtit pas assez
sur ses points forts » , assure le vigneron Alain Graillot qui, après avoir hissé le vignoble de Crozes-Hermitage au rang des plus fameuses appellations de la vallée du Rhône, connaît aujourd’hui un succès mondial avec Tandem, vin marocain dont il vend une palette par mois à New York !
Parmi nos points forts figure en effet le vignoble, devenu presque partout le symbole d’une terre bénie. Regardez la Chine où le gouvernement encourage le développement d’une Napa Valley chinoise dans le Ningxia, à 1 200 kilomètres de Pékin, aux confins du désert de Gobi. Là-bas, le vin est devenu l’emblème de l’ouverture sur le monde, d’une mondialisation heureuse. Même chose au Proche-Orient, où Israéliens et Libanais font tout pour restaurer la production de vins de qualité.
Alors, de grâce, essayons de célébrer librement et sans ambiguïté ce vin qui, au même titre que l’aéronautique, la mode ou la gastronomie, fait la réputation de notre pays et constitue l’un de nos principaux atouts. Et puisque les vignerons français réussissent l’exploit de vendre chaque année des milliards d’euros de vin dans le monde, commençons par liquider cette loi Évin qui, jugeant le vin comme un poison, stupéfait nos clients étrangers et fait rire nos concurrents. Le vin n’est pas seulement un plaisir subtil et civilisé, c’est aussi une boisson éducative qui affermit la responsabilité : parce qu’en boire avec excès peut être dangereux, celui qui l’apprécie doit tôt apprendre à ne pas en abuser. Une mise en oeuvre du « connais-toi toi-même » en quelque sorte. Un apprentissage de la sagesse.
Dans le même ordre d’idée, en même temps que le chant remis en avant à l’école par le ministre de l’Éducation nationale, les pouvoirs publics seraient inspirés d’encourager les écoles primaires à proposer à leurs élèves de visiter un domaine viticole, à la façon des leçons de choses d’antan. Rien ne serait plus dangereux que de laisser des pans entiers de la population, au sein de nos villes et de nos banlieues, considérer le vin comme une boisson impie. Rien ne serait moins français.