Le charme d’un millésime oublié
CHÂTEAULATOUR 1999
On ne présente plus ce Premier Grand cru classé de Pauillac. J’ai eu le privilège d’organiser en janvier 2006 une dégustation de prestige pour une quarantaine de personnes issues du “gratin” de la sommellerie alsacienne. Frédéric Engerer, directeur de Latour, était à la man oeuvre et avait apporté plusieurs millésimes, tous plus aboutis les uns que les autres. Déjà, lors du déballage des vins, une certaine sacralité s’était installée. Voir autant de millésimes d’un vin mythique devant soi est toujours un moment particulier. Nous avons ainsi eu le privilège de déboucher et déguster une dizaine de millésimes du grand vin et des Forts de Latour, le second vin, parmi lesquels 1990,
1988 et 1985. Chaque bouteille était contrôlée par M. Engerer, qui nous expliquait le millésime et son ressenti.
Au cours de cette dégustation, c’est le 1999 qui m’a interpellé. Ce millésime souvent oublié, car situé entre les excellents 2000 et 1998, était le plus charmeur et le plus abordable. Je me souviens de ses notes de cendre, de cuir qui agrémentaient un nez d’une très grande finesse. La structure de bouche, veloutée et suave, sollicitait l’ensemble des papilles gustatives avec la précision et l’intensité que l’on connaît de ce pauillac. Mais c’est indéniablement sa longueur qui demeure le plus nettement dans ma mémoire. Complexes et intenses, les notes de fruits noirs, de balsamique, de gentiane, de truffe s’étiraient avec maestria. J’ai eu la chance d’ouvrir trois fois cette bouteille depuis et mes impressions d’ alors n’en ont été que confirmé es. R. I.