CHÂTEAUMOUTON ROTHSCHILD 1945 L’eucalyptus et la menthe me font douter
En février 2004, je suis invité à Vienne, en Autriche, par Dorli Muhr, l’ex-épouse de Dirk Niepoort (vins portugais du Douro). Le séjour est axé sur plusieurs événements, dont la vente de vins d’un collectionneur américain à l’hôtel du Palais Coburg. Visites du vignoble autrichien et dîners autour de quelques très beaux vins doivent s’enchaîner durant trois jours. Peter Pühringer, un homme d’affaires allemand propriétaire du PalaisCoburg, possède une magnifique collection de grands vins du monde entier. À l’issue de l’un des dîners, nous sommes conviés à rejoindre ses appartements privés. Une poignée de journalistes, la chef du département international du vin de Sotheby’s, Serena Sutcliffe, et moi-même atterrissons sur le toit-terrasse du Palais.
Tout en admirant Vienne de nuit, on nous sert un Mouton Rothschild 1945. Je n’en crois pas mes yeux. Sa robe couleur ébène trahit son âge, il embaume plus l’ eucalyptus et la menthe que les notes de havane et de bois précieux si caractéristiques des grands pauillacs. Serena Sutcliffe, qui a bu maintes fois ce vin de son année de naissance, est tout aussi dubitative quant à l’origine de ce nectar qui a plus l’accent d’un vin américain que d’un médoc. De passage au château Coutet en septembre 2019, je croise Aline Baly, directrice marketing de Mouton Rothschild, qui a récemment dégusté ce Premier cru classé de Pauillac. Elle me confirme que ce légendaire 1945 sent bien l’eucalyptus et la menthe. Ouf ! c’était bien un authentique Mouton Rothschild 1945 que nous avions dégusté. R. P.