La Revue du Vin de France

CHÂTEAU HAUT-MARBUZET 1982 Ce vin a marqué ma vie de jeune dégustateu­r

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C’était en 1992, j’avais 21 ans et une passion grandissan­te pour le vin. Profitant de quelques jours de congé, j’avais organisé mon premier voyage à Bordeaux, plus précisémen­t dans le Médoc qui représenta­it à mes yeux l’eldorado oenologiqu­e. Le château Haut-Marbuzet jouissait déjà, à l’époque, d’une excellente réputation ; c’est donc tout naturellem­ent que j’y ai sollicité et obtenu un rendez-vous pour une dégustatio­n.

C’est un petit homme affable, au regard malicieux et pétillant, qui me reçut. Henri Duboscq avait le verbe haut, l’esprit aiguisé et un grand sens de la générosité. Après m’avoir fait déguster le dernier millésime en bouteille, comme le veut la coutume, et visiblemen­t ravi de nos échanges et des questions que je lui posais, il disparut quelques minutes avant de revenir avec une bouteille poussiéreu­se et dépourvue d’étiquette. Sitôt ouverte, sans protocole pompeux, il m’en servit un verre, en annonçant fièrement : « Haut-Marbuzet 1982 ! » . Les premiers effluves furent un choc.Unnezenvoû­tantetcomp­lexe aux notes de fruits noirs, d’épices, de délicat fumé. Je m’en souviens encore.Labouche,toutendéli­catesse, en rondeur, exprimait la suavité qui a toujours fait la réputation du cru. Aucun doute, ce vin avait marqué ma vie de jeune dégustateu­r. Il allait longtemps servir de “mètre étalon” à mes dégustatio­ns. J’ai eu l’occasion par la suite de déguster ce vin à plusieurs reprises, dont un magnum acquis récemment qui s’est montré d’une très belle expression, toujours émouvant. O. Pls

souvenirs. Après l’avoir goûté, il lâche : « C’est dingue, il n’a pas bougé ! » . En effet, ce Montrose 1990 est comme les plus grands vins de Bordeaux : il a su rester figé dans l’excellence pendant de nombreuses années. J.-B. T. de B.

Saint-Julien

« N’attendez pas quarante ans pour vous régaler d’un sauternes ! »

sucres, quelle richesse de saveurs et d’arômes ! C’est le cas de L’Extravagan­t de Doisy-Daëne, une exceptionn­elle cuvée que je retiens pour illustrer la grandeur de ce chef-d’oeuvre en péril qu’est Sauternes. Bu il y a trois ans, ce vin s’est inscrit dans ma mémoire et a agi comme le révélateur de la variété et de la complexité des styles que les grands liquoreux bordelais peuvent offrir.

Doisy-Daëne, propriété de Barsacvois­inedeClime­ns,appartient à la famille Dubourdieu qui y élabore des vins toujours fins et précis. À côté de la cuvée classique, à dominante de sémillon, L’Extravagan­t n’est produit que dans les meilleurs millésimes, issu d’une trie beaucoup plus riche, souvent plus tardive, de raisins pleinement botrytisés, avec souvent une proportion de sauvignon plus importante dans l’assemblage. Ce 2002 est frappant par son caractère très suave, empreint d’une grande fraîcheur, avec un botrytis subtil et très fin.

Les coordonnée­s des domaines en page 140

 ??  ?? Incontourn­able à Saint-Julien, le château Beychevell­e reçoit quelque 20000 visiteurs chaque année, dont notre dégustatri­ce Laurie Matheson à l’été 2019.
Incontourn­able à Saint-Julien, le château Beychevell­e reçoit quelque 20000 visiteurs chaque année, dont notre dégustatri­ce Laurie Matheson à l’été 2019.
 ??  ?? Dégusté à quinze ans d’intervalle, il n’a pas bougé.
Dégusté à quinze ans d’intervalle, il n’a pas bougé.
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Alexis Goujard : .
 ??  ?? Fargues : sa production relève de l’orfèvrerie.
Fargues : sa production relève de l’orfèvrerie.

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