CHÂTEAU FLEUR DE LISSE 2018 Le plaisir de découvrir de nouveaux talents
Contrairement à la bien-pensance snob d’une part du monde du vin, la viticulture et l’oenologie bordelaises ne sont pas sclérosées. De fins stylistes émergent chaque année. Le Château Fleur de Lisse 2018 m’a beaucoup touché, car il illustre à merveille ce qui anime notre métier de dégustateur : détecter le potentiel de nouveaux talents dont la sensibilité et la vision mènent au fil des millésimes à créer leur identité et à l’ancrer parmi les plus beaux vins de leur secteur.
Propriétaire du château La Loubière en Bordeaux, la famille Teycheney investit les bas de coteaux de colluvions limono-calcaires de Saint-Étienne-de-Lisse en 2016, au château Fleur de Lisse, en appellation Saint-Émilion Grand cru. Patrick Teycheney laisse les manettes à sa fille Caroline. Venue du monde de l’horlogerie de luxe, la jeune femme appréhende peu à peu la terre. Elle nomme Nicolas Géré, passé à bonne école chez Jean-Louis Chave, directeur technique de la propriété. Lors d’une visite à la propriété à l’automne dernier, le tandem me présente ses trois premiers millésimes : 2016, 2017 et 2018. En trois ans, le bond de finesse et d’éclat du vin est impressionnant. Le bouquet subtil de fruits noirs et de réglisse du 2018, sa matière concentrée extraite en douceur, portée par des tanins établis tout en finesse, sont remarquables. Ce millésime commence à dessiner la vision stylistique du château, témoignant du passage en bio (certification en 2020) avec des pratiques biodynamiques, une part généreuse de cabernet franc (50 %), garant d’un grain frais particulier, et un affinage en barriques et jarres de terracotta. Un domaine à suivre de près. A. G.