Muscadet : le concombre et ses serres chassent les vignes !

Du côté de Nantes, les vignerons qui subissaient déjà la pression urbaine affrontent une nouvelle menace : un maraîchage dévoreur de vignes.

Là où il y avait des vignes, poussent désormais des concombres ! Dans l e vignoble nantais, 1 250 hectares d’anciennes vignes sont aujourd’hui en friche ou à l’abandon sur les 7 000 hectares de l’AOP. Cette déprise viticole laisse le champ libre à l’insatiable appétit des maraîchers nantais, la nouvelle puissance agricole locale. crise depuis trente ans. De l’autre, une filière tout aussi historique, mais en plein boom. Les 500 maraîchers nantais sont leaders européens de la production de mâche, de concombre… et de muguet. Traditionnellement installés sur les bords de Loire, ils quittent aujourd’hui ses rives en quête de terres à acheter. Et leurs moyens sont conséquents. «À10 000eurosl’hectare,levigneron sans repreneur qui part à la retraite vend » , résume Pierre-Marie Luneau.

L’acquisition faite, les bulldozers arrachent la vigne, décaissent le sol sur plusieurs dizaines de centimètres, détruisant le terroir de manière irréversible, avant de le tapisser de sable et de construire des serres.

Rien ne l’interdit, même pas l’opposition des riverains ou des maires. Et surtout pas la filière viticole, qui garde un silence prudent. Car pour les vignerons, l’urgence est plutôt à la lutte contre les gels à répétition. Et pour la Chambre d’agriculture, la priorité est de préserver le foncier agricole face à la pression urbaine. « C’est dur à admettre, mais c’est comme ça, résume un vigneron fataliste. Maintenir la vigne à tout prix n’est plus le sujet. Il est trop tard. »