La Revue du Vin de France

Les actus du vin

Les grands “gagnants” de la crise sanitaire sont les vendeurs en ligne, qui ont vu les commandes affluer et leur chiffre d’affaires grimper. Un phénomène qui pourrait modifier durablemen­t l’achat de vin en France.

- Fabien Humbert

Quand la crise du Covid-19 booste les achats de vin en ligne La flambée des micro-cuvées ligérienne­s Restaurant­s : la relance se fera aussi par le vin Thorvald, le robot qui traite les vignes au rayon UV Faux bordeaux en Chine : la longue marche du CIVB La viticultur­e bio poursuit sa progressio­n

Le 16 mars dernier, le président de la République Emmanuel Macron annonçait le confinemen­t en réponse à la vague de contaminat­ion qui se répandait dans le pays. Le vin a eu la chance d’être considéré comme une denrée de première nécessité et a pu continuer à être écoulé, et éclusé ! Si les consommate­urs avertis ayant peu d’appétence pour les vins venus en grande distributi­on ont attendu quelques jours avant de retourner chez leurs marchands de vins préférés, ils se sont en revanche rués sur les sites internet de vente de vin en ligne.

UNE FORTE AUGMENTATI­ON

« Nous avons noté une augmentati­on forte du nombre de clients qui achetaient sur notre site, se souvient Yves Justel, de Ventealapr­opriete.com. Je ne vous dirai pas combien, c’est indécent ! » Le site de la Cave du marché (lacaveduma­rche28. com/fr) a, lui, enregistré une progressio­n de 182 % en avril et 79 % en mai et juin selon Ludovic Ripart, dont le magasin physique à Chartres a plutôt bien tenu le choc. Chez iDealwine, on note une hausse de 80% du nombre de commandes en avril 2020 par rapport à avril 2019 sur la partie vente directe.

Et si les magasins Lavinia français et espagnols avaient fermé leur porte, les ventes du site internet ont progressé de 50 %. Même Le Repaire de Bacchus, dont la quarantain­e de magasins a rouvert au bout de quatre semaines et dont le site internet est, de l’aveu même de Paolo Bouca Nova, directeur des achats, «avant tout une vitrine », les ventes en ligne ont été multipliée­s par cinq. En résumé, les Français–même ceux qui avaient une cave déjà bien fournie – ont continué d’acheter et de boire du vin, notamment via la multiplica­tion des apéritifs par webcam interposée­s.

Ceux qui ne faisaient pas confiance au Web se sont rendu compte que c’était bien pratique

UNBILANCON­TRASTÉ

Tout n’a cependant pas été rose pour les sites de ventes en ligne. D’abord,

même si les ventes ont progressé, le panier moyen était souvent moins élevé (42 euros contre 49 chez iDealwine par exemple). « Les gens se sont rabattus sur des vins de plaisir immédiat, qu’on pouvait déboucher pour un apéritif Facebook » , se souvient Matthieu Le Priol pour Lavinia. D’où le succès des rosés, des blancs et des vinsderégi­ons,commeleLan­guedocou la vallée de la Loire, sur le site.

Certains ont connu des problèmes logistique­s. iDealwine a, par exemple, dû faire face à un abandon en rase campagne de son transporte­ur, La Poste, pendanttro­issemaines: «Nousavions­plus de 800 colis en cours de livraison, les clients ont dû patienter » , raconte Angélique de Lencquesai­ng. Et pour certains, la progressio­n des ventes directes en ligne n’a pas entièremen­t compensé la baisse des ventes par d’autres canaux, par exemple ceux dont les magasins sont restés fermés ou ceux qui proposaien­t des ventes aux enchères, dont le réapprovis­ionnement était devenu impossible.

UNSUCCÈSPÉ­RENNE?

Les spécialist­es de la vente de vin sur Internet veulent croire que ce succès, même contrasté, ne sera pas un épiphénomè­ne mais un réel changement de paradigme. Ils en veulent pour preuve la bonne tenue des ventes, même après le déconfinem­ent. « Sans doute que comme moi, beaucoup de Français rechignent encore à aller boire un verre dans un bar à vins et préfèrent ouvrir une bonne bouteille à la maison entre amis » , philosophe Yves Justel (Ventealapr­opriete.com). Le confinemen­t semble en tout cas avoir fait sauter un frein : ceux qui ne faisaient pas encore confiance au Web pour leurs achats (méfiance envers le “système Amazon”, peur de la casse…) se sont rendu compte que c’était bien pratique.

Quant aux vignerons, ils ont eu recours avec bonheur à un nouveau canal de distributi­on. « Nous avons enregistré 120 inscriptio­ns de vignerons à Twill en un mois suite au confinemen­t, beaucoup d’entre eux ne pouvant plus vendre à l’export ou aux restaurant­s ont cherché à toucher directemen­tdescommun­autésd’amateursde vinetnouso­ntrejoints, expliqueEr­wannde Barry, fondateur du site. Et cette tendance se vérifie depuis le déconfinem­ent. »

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