Les actus du vin
Les grands “gagnants” de la crise sanitaire sont les vendeurs en ligne, qui ont vu les commandes affluer et leur chiffre d’affaires grimper. Un phénomène qui pourrait modifier durablement l’achat de vin en France.
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Le 16 mars dernier, le président de la République Emmanuel Macron annonçait le confinement en réponse à la vague de contamination qui se répandait dans le pays. Le vin a eu la chance d’être considéré comme une denrée de première nécessité et a pu continuer à être écoulé, et éclusé ! Si les consommateurs avertis ayant peu d’appétence pour les vins venus en grande distribution ont attendu quelques jours avant de retourner chez leurs marchands de vins préférés, ils se sont en revanche rués sur les sites internet de vente de vin en ligne.
UNE FORTE AUGMENTATION
« Nous avons noté une augmentation forte du nombre de clients qui achetaient sur notre site, se souvient Yves Justel, de Ventealapropriete.com. Je ne vous dirai pas combien, c’est indécent ! » Le site de la Cave du marché (lacavedumarche28. com/fr) a, lui, enregistré une progression de 182 % en avril et 79 % en mai et juin selon Ludovic Ripart, dont le magasin physique à Chartres a plutôt bien tenu le choc. Chez iDealwine, on note une hausse de 80% du nombre de commandes en avril 2020 par rapport à avril 2019 sur la partie vente directe.
Et si les magasins Lavinia français et espagnols avaient fermé leur porte, les ventes du site internet ont progressé de 50 %. Même Le Repaire de Bacchus, dont la quarantaine de magasins a rouvert au bout de quatre semaines et dont le site internet est, de l’aveu même de Paolo Bouca Nova, directeur des achats, «avant tout une vitrine », les ventes en ligne ont été multipliées par cinq. En résumé, les Français–même ceux qui avaient une cave déjà bien fournie – ont continué d’acheter et de boire du vin, notamment via la multiplication des apéritifs par webcam interposées.
Ceux qui ne faisaient pas confiance au Web se sont rendu compte que c’était bien pratique
UNBILANCONTRASTÉ
Tout n’a cependant pas été rose pour les sites de ventes en ligne. D’abord,
même si les ventes ont progressé, le panier moyen était souvent moins élevé (42 euros contre 49 chez iDealwine par exemple). « Les gens se sont rabattus sur des vins de plaisir immédiat, qu’on pouvait déboucher pour un apéritif Facebook » , se souvient Matthieu Le Priol pour Lavinia. D’où le succès des rosés, des blancs et des vinsderégions,commeleLanguedocou la vallée de la Loire, sur le site.
Certains ont connu des problèmes logistiques. iDealwine a, par exemple, dû faire face à un abandon en rase campagne de son transporteur, La Poste, pendanttroissemaines: «Nousavionsplus de 800 colis en cours de livraison, les clients ont dû patienter » , raconte Angélique de Lencquesaing. Et pour certains, la progression des ventes directes en ligne n’a pas entièrement compensé la baisse des ventes par d’autres canaux, par exemple ceux dont les magasins sont restés fermés ou ceux qui proposaient des ventes aux enchères, dont le réapprovisionnement était devenu impossible.
UNSUCCÈSPÉRENNE?
Les spécialistes de la vente de vin sur Internet veulent croire que ce succès, même contrasté, ne sera pas un épiphénomène mais un réel changement de paradigme. Ils en veulent pour preuve la bonne tenue des ventes, même après le déconfinement. « Sans doute que comme moi, beaucoup de Français rechignent encore à aller boire un verre dans un bar à vins et préfèrent ouvrir une bonne bouteille à la maison entre amis » , philosophe Yves Justel (Ventealapropriete.com). Le confinement semble en tout cas avoir fait sauter un frein : ceux qui ne faisaient pas encore confiance au Web pour leurs achats (méfiance envers le “système Amazon”, peur de la casse…) se sont rendu compte que c’était bien pratique.
Quant aux vignerons, ils ont eu recours avec bonheur à un nouveau canal de distribution. « Nous avons enregistré 120 inscriptions de vignerons à Twill en un mois suite au confinement, beaucoup d’entre eux ne pouvant plus vendre à l’export ou aux restaurants ont cherché à toucher directementdescommunautésd’amateursde vinetnousontrejoints, expliqueErwannde Barry, fondateur du site. Et cette tendance se vérifie depuis le déconfinement. »