Trésors de vos caves
Par Angélique de Lencquesaing
LPar Angélique de Lencquesaing e paysage des régions représentées dans les ventes aux enchères poursuit sa mue, à un rythme cristallisé par l’émergence du virus et qui s’est accéléré durant le confinement.
Les grands crus de Bordeaux, valeur sûre s’il en est dans les ventes, poursuivent leur décrue au profit des autres régions. Certes, à l’issue du premier semestre 2020, la part de ces grands bordeaux, en volume, demeure prépondérante dans les enchères iDealwine (36 % des flacons échangés contre 26 % pour les grands crus bourguignons).
En revanche, en valeur, c’est la Bourgogne qui prend la tête de la course pourlapremièrefois(35%deséchanges, contre 34 % pour Bordeaux), marquant une nouvelle étape dans la fièvre qui entoure certaines signatures de la Côte de Nuits : tandis que les classiques se sont stabilisés, les prix des domaines Leroy, d’Auvenay, Bizot et Prieuré Roch continuent à s’apprécier. On notera toutefois que ces deux régions historiquement prépondérantes voient leurs parts cumulées diminuer de mois en mois au profitdesautresvignobles(66%fin2019, 62 % fin juin 2020).
Si la position de la Loire dans les enchères demeure stable en dépit de l’intérêt croissant des amateurs, la vallée du Rhône, elle, progresse en volume et en valeur (15 % des échanges contre 12 % à fin 2019), de même que le LanguedocRoussillon(2%envaleur,4%envolume). La Champagne s’apprécie surtout en valeur (4 % des échanges), tandis que les vins étrangers progressent, eux, plutôt en volume (4 % également). Preuve que les évolutions s’accélèrent et que plus rien n’est désormais figé.
Le “S” qui orne les flacons des bouteilles de la maison de Champagne Salon est décidément un monogramme rare. Salon ne produit que ce champagne (le premier millésime remonte à 1905), monocépage (100 % chardonnay), monoterroir (la Côte des Blancs) et monocru (Mesnil-sur-Oger). Cette cuvée millésimée n’est produite que dans les années exceptionnelles : seuls 37 millésimes ont été commercialisés au XXe siècle. Les ventes aux enchères attestent du succès qu’elle rencontre. Le millésime 1982 a récemment atteint 1 000 € (+ 30 %). Et en magnum, un 1976 s’est envolé à 8 174 € (+ 118 %). Les amateurs sont prêts à payer la rareté.