La flambée des micro-cuvées ligériennes
Les amateurs s’entichent des vins issus de micro-productions. À tel point que les prix de certaines cuvées s’envolent.
Ne cherchez pas Stéphane Bernaudeau sur un salon de vigneronsàlamodeoudansun bar à vins parisien branché : il ne quitte presque jamais ses vignes et sa petite cave de Martigné-Briand. Il fait partie de ces vignerons qui se consacrent à leurs quelques hectares de vignes comme à des jardins et qui fleurissent dans le Val de Loire, dans le sillage de Richard Leroy, Xavier et Muriel Caillard (Les Jardins Esméraldins) ou Michel Autran. Convaincus d’offrir l’interprétation la plus personnelle possible de leur vin.
Rien ne prédestinait ce bûcheron angevin pure souche à faire du vin. D’ailleurs, il n’en buvait pas ; certainement traumatisé par les cabernet-d’anjou locaux chaptalisés et trop sulfités. Mais dans la petite commune de Thouarcé, la rencontre avec le voisin de ses parents, le célèbre Mark Angeli, marque un tournant dans sa vie. En 1994, le biodynamiste bienveillant lui propose de venir travailler dans sa Ferme de la Sansonnière. C’est ici que Stéphane Bernaudeau prend un certain goût du métier de vigneron jusqu’à dénicher quelques parcelles de vignes et signer son premier millésime en 2000. Il reste la cheville ouvrière de Mark Angeli avant de se consacrer entièrement à son domaine en 2014. Dès lors, grâce à l’expérience et à l’intuition subtile du vigneron, les vins s’affinent et s’ancrent profondément dans leur terroir.
DESPRIXQUIS’ENVOLENT
Avec 3,5 hectares à cultiver seul, il lui reste peu de temps pour vendre ses vins. Pourtant, ils s’arrachent chez les amateurs en quête de sensations fortes, malgré des prix de premiers et grands crus de Bourgogne. À titre d’exemple, sa rayonnante cuvée Les Nourrissons 2012, issue d’une vignes centenaires, a récemment été adjugée près de 170 € aux enchères alors qu’il la vend 24 € à ses clients (professionnels).
Entoutcas,parleurincroyabledensité en extraits secs, leur texture délicate et l’insistance saline des saveurs, ses blancs offrent une interprétation très personnelle et un goût inimitable du chenin angevin. À condition que le gel, qui lui a déjà fait perdre une partie de ses dernières récoltes, ne gâche pas son idéal.