Vins de comptoir : Chapoutier a vu juste !
J’ai souslamainuneinterviewancienne de Michel Chapoutier, publiée dans votre revue, dans laquelle il avertissait déjà que la France manquait de vins de comptoir (La RVF n° 602, juin 2016). Il était alors démenti par un spécialiste, Martin Cubertafond, personnage dont je n’ai plus entendu parler, qui prétendait qu’au contraire, tout allait bien. Quatre ans plus tard, on parle d’importantes distillations pour les cuvées les plus médiocres. Effectivement, tout va très bien ! La réalité, c’est qu’il a fallu une pandémie pour que l’on s’aperçoive de la crise. Habitudes alimentaires changées (les jeunes préfèrent un cola à un vin médiocre vendu trop cher), manie de la cuvée soi-disant meilleure et surtout beaucoup trop chère, mépris pour les vins dits “d’entrée de gamme” abordables et parfois très bons, vieillissement de la clientèle (avocats, notaires, médecins… tous ces riches qui n’ont plus la cote). Le résultat, c’est que le vin est devenu une niche pour les plus aisés et un statut pour les snobs.
Henri Pecceu
La RVF. Cher M. Pecceu, La Revue du vin de France s’efforce, vous le notez vous-même, de donner la parole au monde du vin dans toute sa diversité. Je suis d’accord avec vous, nous avons eu en France un peu trop tendance à oublier les vins accessibles en célébrant la montée en gamme (et en prix) de nos crus. On boit moins, mais on boit mieux, s’émerveille-t-on depuis quinze ans sans toujours mesurer les conséquences de cette évolution. Résultat, la consommation de vin diminue et, dans nos hypermarchés, les Bag-in-Box estampillés “Vin de la Communauté européenne” sont remplis de vins espagnols. J’espère cependant que vous avez apprécié dans notre numéro 642 (juin - juillet / août 2020) notre grand tour de France des vins plus accessibles. Merci pour votre fidélité.
Denis Saverot