La République de Seine-et-Marne (Édition A-B)

Fabien Faure, un héros ordinaire

- Karine BRIVES

Membre de la police nationale, au sein de la BAC (brigade anti-criminalit­é) du commissari­at de Montereau, Fabien Faure est intervenu dans la nuit du 28 février au 1er mars pour prodiguer des soins d’urgence à un homme blessé, suite à une rixe au sein de la communauté tchétchène.

Mardi 12 septembre, il a reçu des mains de la préfète de Seine-et-Marne, Béatrice Abovillier, une médaille d’argent pour acte de courage et dévouement. Les faits ? Alors que la brigade patrouilla­it en Ville Haute, vers la tour Jean Bouin (photo ci-dessus), Fabien Faure tombe sur un attroupeme­nt d’environ une vingtaine de personnes de nationalit­é tchétchène. « La dispute a éclaté entre partisans et opposants à Ramzam Kadyrov, président de la République de Tchétchéni­e » . Plusieurs individus sont blessés.

Garrot

Sur place, le brigadier-chef Faure réagit rapidement. Un homme se vide de son sang au niveau de la cuisse. Il a pris un coup de couteau. « Il avait du sang plein le pantalon, je l’ai mis à part, installé en PLS (position latérale de sécurité) et comme je n’avais pas de garrot à dispositio­n j’ai fait un gar- rot de fortune avec ma ceinture en attendant l’arrivée des pompiers » .

La formation aux premiers secours, il l’a reçue quand il était élève officier à l’école de police. Pense-t-il à sa médaille quand il est sur le terrain ? Non, car il ne fait pas ce métier pour les décoration­s : « Notre façon de réagir, c’est quelque chose qui est en nous. Quand on intervient, on ne regarde ni la religion, ni la couleur de peau. On intervient c’est tout. C’est dur à expliquer mais c’est quelque chose qu’on a en nous. On se doit de réagir » .

Garder la foi

Malgré des conditions de travail pas toujours faciles, manque de moyens en personnel et en matériel, locaux vétustes en mauvais état dans certaines villes du secteur, Fabien Faure entend garder la foi « car c’est un métier qui est chouette parce qu’on fait diverses rencontres. Alors oui on fait beaucoup de mauvaises rencontres, mais on en fait aussi de très belles et c’est ça qu’il faut garder en mémoire. Montereau m’a permis de rencontrer de belles personnes», confie ce Stéphanois d’origine. Qui ajoute cette anecdote : « Il m’est arrivé une fois de me retrouver avec un collègue sur un contrôle de voiture. Rapidement une quinzaine d’indivi- dus sont arrivés et là j’ai regardé la plaque de la voiture immatricul­ée 42. On a parlé de Saint-Etienne et la pression est retombée. On a pu éviter la catastroph­e ».

Quotidien

Ses horaires de travail vont de 19 h à3 h du matin. À patrouille­r dans les petits villages, à faire des planques dans des casses par - 10 degrés pour « attraper des trafiquant­s de gasoil en flagrant délit » . Certes, le grand public voit souvent la face répressive de la police, les radars, les amendes, mais on oublie les risques que ces agents prennent au quotidien : « la beauté de notre boulot, c’est qu’on est là aussi pour sauver des vies, pour mettre notre vie au service des autres », témoigne Fabien Faure, irréductib­le optimiste qui préfère garder les événements positifs plutôt que négatifs.

Avenir

Après 14 ans au commissari­at de Montereau, le Stéphanois va partir vers d’autres cieux. Il quittera Montereau en octobre pour dispenser une formation aux premiers secours, en qualité de formateur en technique et interventi­on auprès des élèves gardiens de la paix. Un poste qui va l’éloigner du terrain. « Depuis 1996, je suis sur le terrain et j’ai peur que cela me manque. Mais à un moment il faut changer parce que sinon on risque de devenir ce que le terrain fait de nous » . Et s’il ne reste plus que quelques tours à Surville, remplacées par des logements neufs et une résidentia­lisation mise en place depuis ces dernières années, la précarité sur place est toujours bien présente. Avec une délinquanc­e différente de celle des années 90, mais toujours là, malgré tout.

L’ancien maire de Montereau, Yves Jégo, a maintes fois interpellé sur la baisse des effectifs de la police nationale sur sa commune. L’année dernière, la baisse était de 20 % avec 86 agents de la police nationale au lieu de 106. Pour remédier à ce manque, un renforceme­nt de l’équipe de police municipale a été instauré afin de permettre la présence d’une « police municipale qui fonctionne 7 jours sur 7, jusque très tard dans la nuit. Ce qui demande un effort financier exceptionn­el afin de compenser le désengagem­ent de l’État, sans aucune augmentati­on de la fiscalité locale » avait indiqué l’édile.

Un coup de couteau dans la cuisse

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