DOMINIQUE DELORME L’HOMME- ORCHESTRE
Dominique Delorme dirige les Nuits de Fourvière depuis 2003. Au- delà du succès, ce Lyonnais atypique a surtout réussi à en faire un lieu de création. Voici comment.
« L’énorme avantage » des migrants
Au début, il voulait être photographe, et même CartierBresson. Carrément. Il se rend compte rapidement qu’il ne l’est pas et surtout « que c’est un métier solitaire » . Lui est un homme de troupe. À un réveillon, il rencontre un militant qui l’entraîne dans la formation professionnelle des migrants, place du Pont. On est en 1979. « L’énorme avantage des migrants, c’est que tu voyages avec eux sans avoir à te déplacer,
explique- t- il. Rien n’a changé, sauf qu’à l’époque des millions de Boat peole arrivaient de l’Asie du Sud- Est et ça ne posait aucun problème. »
Tout a commencé à l’Eldorado
Constant, ce Lyonnais qui a étudié aux Chartreux a gardé cette ouverture sur le monde en continuant de programmer aujourd’hui nombre de musiques du monde ou de récits de voyages aux Nuits de Fourvière. Mais c’est au théâtre l’Eldorado, toujours à Guillotière, qu’il fera ses classes à partir de 1986. La salle est mythique : Chéreau y a tourné La Chair de
l’Orchidée et Bruno Boeglin y crée sa compagnie. Dominique Delorme y découvre son goût pour le théâtre - tendance radical. Il deviendra administrateur au TNP en 1995, après être passé par Beauvais, La Rochelle ou Calais.
Fait maison
C’est sans doute ce qui fait qu’il a toujours gardé un « esprit de troupe et de création » en prenant la direc
tion des Nuits en 2003. « Il nous faut bien sûr des locomotives, mais on essaie toujours de décaler les choses pour en faire un projet maison chaque fois qu’on peut » . Comme avec Damon Albarn et des musiciens maliens. « D’une année sur l’autre, on ne sait jamais ce qu’on va faire. Ce qui est intéressant, c’est cet espace de liberté. »