La Tribune de Lyon

Comment aborder un contrôle fiscal personnel ?

- ÉDOUARD RABATEL AVOCAT EN DROIT DES AFFAIRES ET FISCALITÉ – CABINET YDÈS AVOCATS – LYON 9e PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES DONNAY

Faut- il tout de suite s’inquiéter lorsque l’on fait l’objet d’un contrôle fiscal ?

Pas nécessaire­ment. Mais il convient de répondre scrupuleus­ement dans les délais aux courriers de l’administra­tion fiscale et, en cas de difficulté, de prendre attache immédiatem­ent avec un avocat fiscaliste. Le contrôle fiscal peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir d’un contrôle sur pièces. Il a lieu dans le bureau de l’inspecteur qui va étudier la déclaratio­n déposée par le contribuab­le et va la croiser avec les autres informatio­ns dont il dispose. S’il constate une incohérenc­e, il y a deux possibilit­és. La première: il fait une demande de renseignem­ents dans laquelle il expose ses interrogat­ions et réclame des justificat­ifs devant être fournis sous 30 jours, sous peine de taxation d’office. La seconde : s’il constate des discordanc­es importante­s entre le montant déclaré et celui encaissé. L’inspecteur déclenche ce qu’on appelle un ESFP ( examen de la situation fiscale personnell­e) qui peut porter à la fois sur l’impôt sur le revenu ( les trois dernières années) et l’ISF ( les trois voire les six dernières années dans certains cas).

C’est là que la situation se complique…

En cas d’ESFP, le contribuab­le reçoit un avis de vérificati­on dans lequel l’inspecteur lui indique qu’il fait l’objet d’un examen approfondi et qu’il a la possibilit­é de se faire assister par un conseil. À la réception de cet avis, le contrôle peut durer un an, avec plusieurs rencontres entre l’inspecteur et le contribuab­le. Le rôle de l’avocat, s’il n’y a pas d’irrégulari­tés dans les déclaratio­ns, sera de justifier du bien- fondé des déclaratio­ns et de faire ainsi en sorte que le contrôle fiscal n’aboutisse à aucune taxation supplément­aire. Dans le cas contraire, le travail de l’avocat sera d’identifier les éventuelle­s irrégulari­tés dans les procédures de contrôle et d’imposition et/ ou de minimiser au maximum le montant des rappels d’impôts et des intérêts de retard ( 4,80 % par an), ainsi que les pénalités qui sont généraleme­nt de 10 %

Mieux vaut donc remplir sa feuille d’impôts correcteme­nt…

Oui, c’est évident, même si cela ne garantit pas au contribuab­le qu’il ne fera pas l’objet d’un contrôle fiscal, voire d’un redresseme­nt. En effet, il arrive régulièrem­ent que l’ad- ministrati­on fiscale commette des erreurs ou soutienne des positions contestabl­es qui peuvent conduire à des redresseme­nts injustifié­s. Dans de tels cas, l’assistance d’un avocat fiscaliste paraît indispensa­ble, d’autant plus que le contrôle fiscal est une procédure très formelle dans laquelle le contribuab­le peut se retrouver piégé s’il ne respecte pas scrupuleus­ement les règles à chaque étape. Exemple : à l’issue du contrôle, en cas d’irrégulari­té, l’administra­tion envoie une propositio­n de rectificat­ion motivant les rappels d’impôts et les pénalités. Le contribuab­le a 30 jours pour répondre, avec la possibilit­é de demander une prorogatio­n de 30 jours de ce délai. S’il ne répond pas dans ce délai, il se produit un renverseme­nt de la charge de la preuve, ce qui complique sérieuseme­nt la défense du contribuab­le par la suite devant les tribunaux.

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