22 heures d’incendie et des questions
Ce mardi 2 juin 1987, une immense boule de feu embrase le ciel lyonnais. Il est 18h32. Le réservoir n° 6 du port Édouard- Hérriot vient d’éclater, libérant ses 1000 m3 de gasoil en fusion dans les airs. La terre tremble et, durant une quinzaine de secondes, le feu semble suspendu. Du haut de ses 300 mètres, forte de ses 200 mètres de diamètre, la boule domine Lyon et la foule de sapeurs- pompiers, policiers
et gendarmes qui, depuis plus de cinq heures, tentent de circonscrire le feu. À 80 mètres de l’incendie, la température grimpe à 60°. La boule laisse place à une énorme colonne de fumée et à un incendie, qui repart de plus belle. Vers 13h15, déjà, des premières explosions s’étaient produites dans ce dépôt d’hydrocarbures exploité par Shell. À l’origine du drame, plusieurs hypothèses sont formulées, sans qu’aucune ne soit réellement vérifiée. L’explication retenue veut que deux employés effectuant des travaux de soudure dans une cuve vide mais non purgée ont déclenché l’incendie. Très vite, le feu se répand, et provoque une première explosion, ressentie à quelques kilomètres. À 13h25, dix minutes après le début de l’incendie, trois nouvelles explosions se font entendre. Un bac est propulsé à 200 mètres de haut avant de s’écraser 60 mètres plus loin. La catastrophe semble inévitable et les secours agissent en conséquence. Les souvenirs de Feyzin, 21 ans plus tôt, sont présents dans tous les esprits. Une trentaine de camions de pompier lyonnais sont déployés, épaulés par des pompiers de SaintÉtienne, Mâcon et Saint- Jean- de- Maurienne. Des pompiers spécialisés dans les feux d’hydrocarbures sont aussi sur place. Deux cents policiers et une centaine de gendarmes assurent le périmètre de sécurité et aident les dix équipes du Samu à évacuer les premiers blessés. Mais malgré cette démonstration de force, le feu gagne du terrain. La première intervention à la mousse carbonique est un échec, notamment dû à l’enchevêtrement de plusieurs équipements. La quantité de mousse accumulée est insuffisante, il faut attendre pour constituer de nouvelles réserves, qui ne viendront qu’après la nuit. La deuxième attaque des pompiers est la bonne: à 6h30, le feu est dominé. Il ne sera totalement éteint qu’autour de 14 heures. Le bilan : deux morts, quatorze blessés et plus de 130 millions de francs de dégâts ( environ 20 millions d’euros). L’activité du site ne reprendra jamais.