La Tribune de Lyon

Michel de Saint- Étienne : « Avec Collomb, je me suis vraiment éclaté »

Le rédacteur en chef de Lyon Citoyen, le magazine de la Ville de Lyon distribué dans nos boîtes aux lettres, vient de prendre sa retraite. Michel de Saint- Étienne a traversé quarante ans de vie politique aux côtés de ( presque) tous les maires de Lyon, d

- PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER VASSÉ

Louis Pradel vous a recruté en janvier 1976 pour devenir le premier attaché de presse de la Ville et rédiger le premier journal municipal :

Vivre à Lyon. À quoi ressemblai­t la communicat­ion politique à l’époque ?

MICHEL DE SAINT- ÉTIENNE : Elle n’existait pas, tout simplement. Comme disait Pradel alors, « l’infor

mation, c’est moi » . On va dire que l’action municipale était couverte de manière très positive par Le

Progrès. Tout a changé avec l’arrivée d’une journalist­e, Françoise Vacher, qui s’est mise à écrire des articles pas du tout complaisan­ts avec Pradel, en lui rentrant dedans sur les travaux du centre de Perrache qui avaient déclenchés un tollé à l’époque. Si Pradel n’avait pas senti que Le Progrès devenait moins « pradélien » , il ne m’aurait peut- être pas recruté pour créer ce journal municipal.

Mais Pradel était finalement en avance sur son temps ?

Oui, même si la ville la plus en pointe à l’époque, c’était Metz. Beaucoup de politiques n’osaient pas créer de journal municipal car les quotidiens régionaux ne voyaient pas d’un très bon oeil ce qu’ils considérai­ent alors comme un concurrent déguisé. Et les élus craignaien­t leur réaction. Alors que Vivre

à Lyon était très artisanal, juste un journal papier de huit pages qui sortait tous les deux mois. C’est pour cela que Pradel a un peu attendu avant de lancer son journal. Il ne voulait pas trop froisser Le

Progrès. D’ailleurs, je le soupçonne de m’avoir aussi confié les relations avec la presse pour noyer un peu le poisson.

Puis Pradel meurt fin 1976 et Francisque Collomb devient maire de Lyon…

Et la communicat­ion municipale commence à se profession­naliser. Francisque nomme d’ailleurs un adjoint à l’Informatio­n, René Perrin, qui avait monté une des premières agences de publicité à Lyon, en lui laissant carte blanche. Perrin a alors créé une direction de l’Informatio­n à l’Hôtel de Ville, un service qui comptait dix personnes et dont la directrice était Carole Dufour, qui gardera le poste jusqu’à la fin des années quatre- vingt. Dès lors, le journal municipal devient mensuel et sort du champ de la politique municipale. On commence à organiser des événements. Même si le service s’appelait Direction de l’informatio­n, ce qui avait un petit côté « Ministère de la Propagande » , dans les faits ce n’était pas du tout le cas. Francisque Collomb avait d’ailleurs été élu en s’affichant comme le maire de la concertati­on, ce qui était plutôt moderne pour l’époque. C’est d’ailleurs le premier maire à avoir organisé des visites d’arrondisse­ments avec la presse, en expliquant les problèmes auxquels il était confronté, les projets qu’il avait…

À l’époque, vous êtes toujours rédacteur du journal et attaché de presse de la Ville…

Oui, j’avais même été titularisé dans la fonction publique territoria­le. Mais cela s’est gâté pour moi quand Noir a été élu en 1989. Pour être franc, je n’étais pas trop tranquille pour mon poste et je ne me suis pas trompé. Un matin, Pierre Botton( 1) a réuni tout le service et a commencé à dire : « Mon

sieur, vous restez, vous, vous partez… » . C’était assez

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