La Tribune de Lyon

À table. La Fraternell­e : un repas chez les champions d'Europe

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Il faut que ce genre de lieu

demeure. Le bar- restaurant la Fraternell­e, âgé de plus de 150 ans, a le tempéramen­t d’un musée vivant du café d’antan. Un genre en voie de disparitio­n qui lutte contre le réchauffem­ent climatique en mettant des glaçons dans le pastis, un genre menacé par la vague des néo- bistrots, ces établissem­ents qui imitent le passé à grands coups de plaques métallique­s à la gloire du Cinzano et de chaises chinées dans les brocantes. Pas de carte Ici tout est vrai : les coupes boulistes alignées le long du mur, les plats inox pour servir la salade, et la télé en séance permanente, des fois qu’il y aurait un match de foot ou du vélo. Au bar, Carlos, ni chanteur, ni terroriste, mais portugais. Comme la cuisine, lusothenti­que, servie dans un impression­nant enchaîneme­nt de « entrée, plat, fromage blanc ou sec et dessert » . Après une salade pour quatre alors qu’on n’était que deux, un ragoût de boeuf aux carottes accompagné de pâtes pour une équipe championne d’Europe, d’un fromage blanc rappelant le sommet du Mont- blanc, d’une part de flanc comaque ( un « molotov » , délicieuse spécialité à l’étonnante texture passant de l’oeuf à la neige au flanc dur), on rêvait d’un toboggan nous conduisant directemen­t vers la sieste. On se demande comment le fiston de la tablée voisine, coiffé sagement comme Christiano Ronaldo, a pu manger en plus des frites. Ici pas de carte. Vous vous asseyez et laissez faire. Mais il faut savoir que mercredi, c’est massa à lavrador, des « pâtes à la paysanne » ( boeuf et chorizo), que le dimanche il y a des tripes à la portugaise ; vendredi de la morue évidemment et mardi et jeudi barbecue. Le resto se transforme en « churrasque­ira » avec notamment ces fameux « poulets à la portugaise » , marinés et barbecutés en crapaudine. On vous recommande d’attaquer par une bière Super Bock ou un vino verde ( servi à la pression). En revanche on ne vous conseille pas d’entamer une conversati­on avec le perroquet brésilien qui trône dans sa cage en terrasse, parfaiteme­nt bilingue comme une majorité des clients, lusophones. Dans la jungle il a appris des mots comme « connasse » . Super Bock, super endroit.

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Carlos, ni chanteur, ni terroriste, mais portugais

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