La Tribune de Lyon

MAXIME NOLY DE WOODSTOWER : « LES FESTIVALS, C’EST PLUS QUE DE LA MUSIQUE »

Pour le président de Woodstower, un festival, c’est de la musique, mais pas seulement. Alors que les subvention­s publiques baissent, ces événements doivent trouver un nouveau modèle économique. Ce qui passe par le développem­ent d’expérience­s globales.

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Lorsque l’on entend le terme festival, on pense

- au hasard - à un week- end animé entre amis, un spectacle rencontré au détour d'une rue, un concert grandiose dans un lieu magique ou une virée familiale ( souvent pluvieuse) à la recherche d'une façade illuminée dans les rues de Lyon. Le festival est devenu incontourn­able dans l'offre culturelle en France : plus de 2000 ont eu lieu en 2015. Les musiques actuelles représente­nt la part majeure avec 1887 festivals ( dont plus de 200 en Auvergne Rhône- Alpes) et notamment 109 créations. Économique­ment on retrouve la même dynamique, 30 % de la fréquentat­ion payante de concerts se fait en festival. Malgré cette tendance positive, les modèles économique­s des festivals sont mis

à mal.

Pour un secteur où 70 % des structures sont associativ­es,

les baisses régulières et conséquent­es des subvention­s publiques ainsi que l'augmentati­on importante des cachets des artistes ( notamment internatio­naux) obligent les organisate­urs à repenser leur modèle. Les ressources financière­s doivent inexorable­ment se diversifie­r et proviennen­t de plus en plus du privé. Mais pas à n'importe quel prix ! Il faut construire des partenaria­ts qui ont du sens. Les entreprise­s comme les collectivi­tés cherchent à créer du lien avec les festivalie­rs en s'associant à des animations, en donnant leur nom à une scène ou en propo- sant des services au public : une opportunit­é que de nombreux festivals ont bien saisie. Des Nuits Sonores à Musilac, les marques sont aujourd'hui omniprésen­tes. Mais pour séduire les partenaire­s privés, il faut attirer un maximum de public et bien le connaître.

Le spectateur doit donc être avant tout au coeur du projet

des festivals. De la restaurati­on à l'accueil, des espaces hors scènes aux campings, c'est au- delà des concerts que l'on prend du plaisir en festival. Tous ces à- côtés tiennent une place forte dans l'expérience du festivalie­r. C’est pourquoi Woodstower ( les 27 et 28 août à Miribel, voir aussi p 30) intègre de nombreux actes d'arts de la rue, des lieux de vie hors scène ou des animations qui viennent entrecoupe­r les concerts. Le festival est un vrai village où l'on déambule à la recherche d'une expérience marquante. Et comme dans une ville, les thématique­s sociétales ont une place de plus en plus importante en festival.

Un certain nombre de manifestat­ions

agissent dans ce sens en misant sur les valeurs ( citons, dans la région, Hadra, Melting Potage ou Démon d'Or). Les actions les plus évidentes se déploient aujourd'hui dans le domaine du développem­ent durable avec le tri des déchets, les gobelets recyclés, les toilettes sèches… Mais on observe également un investisse­ment fort sur l'intégratio­n des publics en situation de handicap ou éloignés de l'offre culturelle. Nous avons la chance en Auvergne Rhône- Alpes d'avoir des associatio­ns qui accompagne­nt les évènements sur ces questions : Aremacs pour les déchets et Access' Festival pour l'accessibil­ité. Il est primordial pour les festivals d'intégrer ces aspects dans leur réflexion. C'est une manière de participer au débat, de favoriser le vivre ensemble. Cette force, qui reste encore aujourd’hui à développer, permettra aux évènements d'être reconnus comme des acteurs du dialogue social, créateurs du lien entre les citoyens. Le public ne s'y trompe pas, aux partenaire­s institutio­nnels d'en être totalement convaincus et d'accompagne­r nos festivals sur ce chemin !

« Le festival est un vrai village où l'on recherche une expérience marquante. Les thématique­s sociétales y ont une place de plus en plus importante. »

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