Mon resto
Le mystère du poulet pané
La première impression est
surprenante. Une patte de panthère passe au- dessus de votre assiette pour manifestement vous arracher la tête. En fait, ces tâches de fauve appartiennent au bras de la patronne au nom de gâteau : Charlotte. Un simple tatouage. Cela change du précédent établissement qui a changé de bras cet été. Il y a peu, c’était la Cave de Cécile, caché dans la rue Longue, qui comme son nom ne l’indique pas, se distingue par son étroitesse ( donc pas de terrasse) : un restaurant de campagne en pleine ville, dopé aux vins « nature » . Chef globe- trotter de l’Asie aux Caraïbes La déco a gardé ce côté rus- tique agricole. Des objets de type collier de travail pour chevaux de trait pendent au plafond. Mais une nouvelle direction artistique a surgi plein pots d’échappement : on a déjeuné face à une magnifique Harley, thématique reprise en version tatoo et crânes sur les murs comme si Ghost rider débarquait à la ferme. À l’ardoise, pas de meule de foin ni de gazoline, mais un mélange d’influences qui révèlent le parcours du chef globe- trotter, de l’Asie aux Caraïbes : tataki de thon au sorbet wasabi, foccacia sicilienne, tartare de saumon en entrée et tartare de boeuf coupé au couteau en plat de résistance pour les gens qui n’ont pas de dents, forme de handicap dont on parle trop peu. On a attaqué par une burrata « et ses tomates d’antan » . On aurait préféré que les tomates « anciennes » aient un peu plus de goût ( comme d’habitude, c’est la tomate cerise contemporaine qui domine le lot), mais le fromage est bien lacté et la fraîcheur domine, remplaçant un bon ventilateur. Ensuite, on est passé à un poulet pané, très croustillant à l’extérieur et juteux à l’intérieur. Cette résolution de paradoxe très réussie tient à l’utilisation de marinade et d’une panure secrète. Après avoir torturé le patron, il nous a été révélé ce qu’on soupçonnait en temps que client de Kellogg’s : l’emploi de corn- flakes. Nicolas le cuisinier invite aussi dans le side- car une mousse au chocolat et au yuzu très séduisante, ainsi qu’une tarte au citron particulièrement bombasse. On y retourne.