CHAUDS : LA GUERRE DES LIVREURS À VÉLO NE FAIT QUE COMMENCER
Ils sont de plus en plus nombreux à pédaler à toute berzingue dans les rues de Lyon. Eux, ce sont les livreurs de repas à vélo, qui font la navette entre les cuisines des restaurants et votre porte d'entrée. Un concept qui explose : de plus en plus de restaurateurs franchissent le pas, et les clients accrochent. Enquête sur un nouveau business qui n'est pas prêt de s'essouffler.
C'était un match à trois, la guerre des livreurs de repas à vélo s'est transformée en duel
fin juillet. À la surprise générale, le belge Take Eat Easy, leader incontesté du marché et qui faisait travailler 450 coursiers à Lyon, a annoncé sa mise en liquidation judiciaire après avoir échoué à lever des fonds auprès d'investisseurs. Mais, que l'on ne s'y trompe pas : l'accident industriel de ce pionnier ne siffle pas pour autant la fin de la bataille des livreurs de bons petits plats. L'alle- mand Foodora ( reconnaissable à ses coursiers en rose) et l'anglais Deliveroo ( en turquoise) se partagent désormais un gâteau qui ne cesse de grossir. Tous deux se sont implantés à Lyon fin 2014, pour développer un concept qui a véritablement explosé depuis une grosse année. Leur recette est identique : la livraison à domicile de plats de restaurants partenaires en vingt à trente minutes top chrono par des coursiers à vélo. Les deux enseignes proposent un large choix de restos avec un catalogue de près de 200 références chacun. Ce qui vaut, tous les soirs, un ballet de cyclistes qui se faufilent dans les rues de la Presqu'île avec des gros sacs isothermes sur le dos, pédalant à toute vitesse des cuisines des restaurants à la porte des clients. Et le concept prend largement auprès des Lyonnais. « C'est une offre intéressante, car cela permet de sortir des traditionnelles livraisons de pizzas, sushis ou burgers. Avec ces plateformes internet, on peut, par exemple, manger libanais, mexicain ou un poulet rôti » , vante Ange, un Croix- roussien de 28 ans qui a pris l'habitude de faire appel à ce service par correspondance « quand il n'y a plus grand- chose dans le frigo » . Son seul bémol : les plats n'arrivent pas toujours très chaud. « On doit parfois les repasser un petit coup au four… » . N'empêche : d'après nos calculs, plusieurs dizaines de milliers de commandes ont déjà été honorées à Lyon par ces nouveaux coursiers. Et si ça marche autant, c'est que l'affaire est pliée en deux ou trois clics depuis un smartphone, avec un paiement en ligne. Surtout, ce n'est pas plus cher que sur place, à l'exception de 2 à 3 euros au titre du service livraison.
Essor exponentiel Sur chaque commande, ces Uber de la restauration retiennent une confortable marge de 30 % sur l'addition de la commande, en plus des frais de livraison. Et si Take Eat Easy est allé au crash, les autres plateformes internet continuent de prédire un essor exponentiel de leur business. « Nous sommes très sereins sur notre modèle économique » , répond François Klein, le manager lyonnais de Deliveroo, qui est, comme l'ensemble du secteur, franchement retissant à parler chiffre. Mais, enchaîne- t- il, « ce marché se développe incontestablement, c'est un nouveau mode de consommation » . Alors que les