DOMINIQUE HERVIEU : « ME TRAÎNER SUR SCÈNE JUSQU’À 60 ANS, CE N’ÉTAIT PAS MON TRUC »
Elle a succédé avec succès à Guy Darmet, fondateur emblématique de la Maison de la danse et de la Biennale. Ce n’était pas gagné.
Si l’on osait, on dirait même qu’elle a apporté un supplément d’âme et d’exigence en plus, n’hésitant pas à regarder vers des oeuvres aussi ambitieuses et radicales que de faire un travail de pédagogie à destination du plus grand nombre. Elle est d’ailleurs un des rares directeurs d’institution culturelle avec Thierry Frémaux à pouvoir monter sur une scène et tenir un public en haleine et animer un spectacle, comme elle l’a fait avec les habitants du 8e pour Babel 8.3. Normande, elle a gardé le goût des fruits de mer et des embruns. Ainsi que son port de danseuse et son appétit d’oiseau : elle a choisi un restaurant de fruits de mer pour un menu digne d’un régime d’avant les plages : 6 huîtres et bol de crevettes grises. Sa boulimie, elle la garde pour parler des artistes et des oeuvres, intarissable. Ce n’est pas pour rien qu’elle a imaginé pour la Biennale de la danse un parcours des interprètes et un « Dancers studio » , sur le modèle de l’Actor’s studio. Elle a été danseuse, dans le monde entier, avec la compagnie MontalvoHervieu, avant de choisir de se consacrer à la « transmission » , son cheval de bataille, à Chaillot puis maintenant à Lyon. Programmatrice à l’enthousiasme inébranlable, si elle rit volontiers, elle ne fait pas pour autant des réponses de normande. Franche, avenante, elle sait aussi trancher, et pas que pour attaquer les crevettes à table. Bref, une vraie directrice, comme on les aime, avec des convictions et des arguments, qui se retrouve aujourd’hui en pleine bataille politique : révision en cours de l’organisation des Biennales, et projet d’un centre de création international pour l’agrandissement de la Maison de la danse au Musée Guimet. Une bataille qu’elle pourrait bien à nouveau remporter.