Bruno Rabu, abnégation et amour du grand large
Plutôt que de claironner sur les toits, Bruno Rabu a pré
féré « avancer masqué » , et travailler chez lui, à Villeurbanne, sans faire de bruit. Il lève le voile maintenant qu'il touche au but avec la présentation, début décembre, de son invention au salon nautique de Paris. Depuis plus de deux ans, il met au point une manivelle de winch pour les bateaux de plaisance qui a la particularité d'être connectée, mais surtout assistée d'un moteur électrique. Résumons pour les néophytes : cette manivelle sert à hisser et régler les voiles aux prix d'un effort physique intense, l'assistance électrique permet de réaliser l'opération sans forcer, exactement comme un pédalier assisté sur un vélo életrique. Et s'il existe une poignée de concurrents dans le monde, Bruno Rabu apporte une solution plus légère et plus puissante. « Surtout, j'ai imaginé un produit qui colle vraiment à la pratique de la navigation quand d'autres proposent des boîtiers avec simplement un bouton à presser » , explique- t- il. Plus de 5 000 heures de travail Passionné de technique et de voile, le créateur a occupé pendant plus de deux décennies plusieurs gros postes chez le géant lyonnais Merial, avant d'être touché par un problème de santé handicapant. « J'adorais faire du sport, et il y a plein de choses que je
ne pouvais plus faire. Je me suis dit qu'il fallait que je trouve une solution pour continuer à pouvoir naviguer. J'ai regardé ce qui se faisait, et je n'ai pas trouvé de solution satisfaisante. C'est cela le
point de départ » , rapporte- t- il. Le début de la réalisation d'un véritable défi technique, ne serait- ce parce qu'une manivelle de winch tourne dans les deux sens… L'ingénieur de formation noircit alors des carnets et des carnets de calculs complexes, multiplie les prototypes ( il nous a présenté ce jour- là son numéro 12) qu'il met à l'épreuve sur sa terrasse à l'aide d'une poulie et de poids. D'après ses estimations, il a passé 5 500 heures ( soit 3 ans de travail aux 35 heures) pour déboucher ce qu'il décrit comme « un petit bijou technologique » qui a fait l'objet de trois dépôts de brevet. Bruno Rabu attend désormais la présentation au public, avant une commercialisation au cours de l'année prochaine à un prix et un nom qui ne sont pas encore dévoilés. Les ambitions, elles, sont claires : « La France ne représentera que 10 % des ventes, le reste se fera à l'international » , affirme l’entrepreneur, qui espère créer une douzaine d'emplois au cours des trois prochaines années.