La Tribune de Lyon

Caméra d’or pour film boueux

- A. L.

Accumuler cyniquemen­t les pires clichés sur les ban

lieues, magnifier le crime et l’argent facile comme seul vecteur d’émancipati­on féminine, flatter le consuméris­me bling- bling de son public- cible avant de lui faire la morale dans un retourneme­nt final grotesque et tartuffe au possible… Voilà la recette gagnante de cet atroce Divines, qui a cette année raflé la Caméra d’or à Cannes, prix censé récompense­r le meilleur pre- mier film des diverses sélections. Divines a peut- être « du clito » , expression tirée du film et scandée par la réalisatri­ce lors de son discours de remercieme­nt, devant un parterre de festivalie­rs bien comme il faut et apparemmen­t ravis de s’encanaille­r. En revanche on cherchera en vain la moindre qualité cinématogr­aphique à ce faux film féministe qui se veut provoc mais confond hystérie et énergie, affiche sa grande liberté mais se révèle cul- bénit et puritain. Montrer sans retenue le fric, les marques, les caisses, mais les corps et le sexe, jamais ! Ou a minima, dans une imagerie clipesque qui illustre une histoire d’amour niaise sur fond de danse contempora­ine, mauvais copié- collé des teen movies MTV. La fin aux larmes de crocodile, sommet de putasserie démagogiqu­e où la justice divine punit les trafiquant­s en déclenchan­t des incendies, achève de désespérer sur la trop grande absence de belles propositio­ns de cinéma sur les banlieues, qui méritent d’autres regards, d’autres récits et de vrais personnage­s, plutôt que ce misérabili­sme chic et toc. Lamentable.

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 ??  ?? Divines de Houda Benyamina ( France, 1 h 45) avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Jisca Kalvanda, Kevin Mischel…
Divines de Houda Benyamina ( France, 1 h 45) avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Jisca Kalvanda, Kevin Mischel…

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