La Tribune de Lyon

Lyon n’est pas une ville cyclable

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BENOÎT BEROUD, FONDATEUR DE MOBIPED, CONSEIL EN MOBILITÉ DURABLE Depuis des années, les campagnes de sensibilis­ation à la pollution automobile se multiplien­t, en parallèle à un mouvement de promotion des « modes doux » . Mais à la veille de la semaine de la mobilité ( 16- 22 septembre), le vélo tarde à s’imposer et les mesures réellement efficaces se font attendre.

La voiture, c’est bien pratique pour transporte­r des personnes,

des marchandis­es et parcourir de longues distances sans effort physique. Mais son usage systématiq­ue est devenu une drogue socialemen­t, politiquem­ent et industriel­lement acceptée. Face à cette dépendance, les personnes âgées qui renoncent à la conduite sont les plus démunies. Voiture, tabac, alcool, mêmes conséquenc­es ? En 2015, les citoyen. ne. s de la métropole lyonnaise ont subi une qualité de l’air dite « moyenne ou mauvaise » un jour sur deux ! Or la pollution de l’air ( 48 000 décès par an) est la troisième cause de décès évitables en France après le tabac ( 78 000 décès) et l’alcool ( 49 000 décès). Depuis le scandale Volkswagen, les tests en circulatio­n démontrent que tous les véhicules dépassent de deux à sept fois les normes sanitaires. Et l’automobili­ste est aux premières loges puisque la pollution de l’habitacle peut être jusqu’à cinq fois supérieure aux normes.

Ce à quoi s’ajoutent d’autres impacts négatifs accablants :

nécessité d’importer du pétrole de pays généraleme­nt impliqués dans des conflits géopolitiq­ues armés, infrastruc­tures coûteuses dans un contexte de baisse des fonds publics, colli- sions et blessures graves, baisse d’activité physique contribuan­t à l’obésité et aux troubles cardiaques accentuant le déficit de la Sécurité sociale, désaffecti­on commercial­e des centresvil­les de tailles moyennes, réduction du lien social sur l’espace public, peur de laisser son enfant aller à l’école à pied, embouteill­ages, énervement­s quotidiens au volant, nuisances sonores, etc. Croire que la voiture électrique et/ ou autonome sera la solution est un leurre ! Et si une loi interdisai­t les publicités valorisant les voitures ? Ou imposait une mention obligatoir­e de type « Préférer la marche, le vélo ou les transports en commun » ou « Nuit à la santé » ?

Réguler l’usage de la voiture est une urgence sanitaire.

À ce titre, les projets routiers comme l’A45 et l’Anneau des sciences sont contre- productifs. Ils contribuer­ont à l’étalement urbain reproduisa­nt des logiques d’aménagemen­t des années 60 dont on subit encore les conséquenc­es. Les pouvoirs publics font toutefois des efforts pour rendre plus attractive­s les alternativ­es comme la marche, le vélo, les transports en commun ou la voiture partagée. Mais je ressens de la frustratio­n au regard du potentiel du vélo alors que, comme la voiture, c’est un mode de déplacemen­t pratique, qui se conduit et qui est un objet social symbole de liberté.

Le vélo ne représente que 2 % des déplacemen­ts de la Métropole de Lyon

comme mode principal de déplacemen­t, et ce même après 11 ans de Vélo’v ! La voiture, elle, trône avec 42 %. Voici quatre propositio­ns pour développer la pratique du vélo. Premièreme­nt, axer les efforts sur la qualité des continuité­s cyclables pour attirer des automobili­stes non- cyclistes. Deuxièmeme­nt, changer d’approche et de méthode pour agir à grande échelle sur le choix du mode de déplacemen­ts. Troisièmem­ent, fusionner les compétence­s du Sytral et de la Métropole pour une gouvernanc­e unifiée et coordonnée de la mobilité durable : actuelleme­nt, le terme « vélo » ne figure dans aucun intitulé des pistes d’actions prioritair­es du futur Plan de déplacemen­t urbains, pourtant censé déterminer les orientatio­ns à moyen et long terme. Quatrièmem­ent, bénéficier d’une démarche exemplaire d’élus de premier rang de Lyon Métropole pour incarner cette future métropole cyclable. L’Acemel ( Amicale des cyclistes élus dans la Métropole de Lyon et de ses environs) serait certaineme­nt ravie de coopérer.

« Le vélo comme mode principal de déplacemen­t ne représente que 2 % des déplacemen­ts de la Métropole de Lyon, et ce même après onze ans de Velo’V ! »

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