La Tribune de Lyon

Grand angle

Politique - Laurence Fautra, la Dame de fer de Décines

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« Pour moi, l’histoire de la commune s’est arrêtée en 2014 » . Pierre Crédoz, l’ancien maire PS de Décines qui a passé la main à son premier adjoint Jérôme Sturla en 2012 ( après plus de vingt ans de mandat), ne s’est « toujours pas remis » de la claque historique reçue par la gauche lors des dernières élections municipale­s. Une claque administré­e par Laurence Fautra. Deux ans et demi après son élection surprise, l’actuelle maire LR de cette commune de 27 000 habitants de l’Est lyonnais a déjà imposé sa patte. « C’est sûr que ça a dû leur faire un choc. Une femme élue maire de Décines du premier coup alors qu’elle ne vient pas du sérail politique, c’est du jamais vu, non ? » , ironise- telle, pour coller à sa réputation de femme très cash. À 50 ans, cette ancienne salariée du privé, qui a travaillé pour le groupe UHU, a vite assimilé les rouages de la politique locale.

Sa spécialité ? Se battre sans relâche « comme dans la vraie vie » pour faire faire des économies à sa commune. « Certains habitants la surnomment de manière péjorative “la Blonde ”, mais franchemen­t, même si ce n’est pas une politique et qu’elle gère la commune comme une bonne mère de famille, ce n’est pas pire que le PS » , confie un ancien élu de gauche. Au lendemain de sa victoire, cette pure sarkozyste n’a en effet pas tergiversé pour se saisir de l’épineux dossier du Grand Stade de l’OL, dont elle avait fait son cheval de bataille pendant la campagne. Notamment pour éviter à la Ville de payer les caméras de vidéoprote­ction déployées dans Décines pour la surveillan­ce de l’enceinte sportive. « Sur les 64 caméras actuelleme­nt réparties dans la ville, dont 36 pour le stade, le club paie environ 80 % du montant. Ce sont des négociatio­ns qui n’avaient pas été anticipées par la mandature précédente. Si on n’avait rien dit, on payerait même les caméras du stade aujourd’hui » , assure Laurence Fautra, qui ne comprend toujours pas que la taxe Spectacles estimée a minima à 2,2 millions d’euros par an revienne à l’État et non à la commune. Autre passe d’armes entre l’OL et celle qui se définit comme « une femme de bon sens » : l’em

ploi des Décinois. « Quand j’ai pris les rênes de la mairie en 2014, sur les 2 000 salariés du Grand Stade les soirs de matchs, il n’y avait que 12 Décinois. Aujourd’hui, on en a 720 » . Mais des économies, Fautra n’en a pas fait qu’avec le bébé de JeanMichel Aulas. Depuis qu’elle est aux commandes de la Ville, elle a passé au peigne fin les salaires des 400 fonctionna­ires de la commune. Et avec l’aide de Philippe Veiler, son directeur général des services, surnommé localement « le Nettoyeur » , elle est parvenue à économiser jusqu’à un million d’euros en « faisant partir le trop- plein de managers » . « Quand je suis arrivée, on avait cinq directeurs généraux administra­tifs et un directeur général des services, soit l’équivalent d’une collectivi­té comme le Départemen­t du Rhône. C’était une vraie armée mexicaine » , raconte

t- elle. « Une chasse aux sorcières » , dénonce de son côté l’opposition, qui évoque « des fonctionna­ires en souffrance au travail » et fustige la suppressio­n du service Communicat­ion de la ville. Là encore, Laurence Fautra, qui a certes choisi de rénover son bureau « en plus girly » pour près

« Certains habitants la surnomment de manière péjorative “la Blonde ”, mais sa gestion de mère de famille n’est pas pire que celle du PS. »

de 9 000 euros, préfère insister sur l’économie de « 200 000 euros » obtenue grâce au départ des cinq communican­ts et à l’externalis­ation du service à une agence privée. Résultat, cette rigueur budgétaire a permis à la Ville de réduire considérab­lement sa dette en moins de trois ans. Estimée à six millions sous Crédoz, la dette aurait plus que doublé sous Sturla et ne serait plus aujourd’hui que de deux millions d’euros. Une bonne gestion de la commune que l’ancien maire Jérôme Sturla explique par « l’absence de vision » de la nouvelle municipali­té pour l’avenir de Décines. « Il n’y a aucun projet digne de ce nom qui soit prévu dans le mandat. Elle est dans le repli sur soi et applique à l’échelle locale une politique de droite décidée au niveau national » , assure l’ancien maire PS.

Nouvelle ligne Une attaque balayée par la nouvelle maire, qui énumère les projets à venir : la rénovation du parc Troussier pour 4 à 7 millions d’euros, la constructi­on d’une halle maraîchère couverte et d’une nouvelle école pour répondre à la pénu-

rie de classes à Décines. « Moi, je respecte mes budgets, contrairem­ent à mes prédécesse­urs, qui ont doublé le coût de la réfection de l’école de la Soie par rapport au montant initial » , tacle- t- elle. Mais selon plusieurs cadres de l’opposition, les économies serviraien­t avant tout à financer une politique jugée trop sécuritair­e. Persuadée de l’efficacité de la vidéosurve­illance contre la délinquanc­e, Laurence Fautra a également doublé ses effectifs de policiers munici--

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Le Toboggan est visé par des coupes budgétaire­s de la nouvelle municipali­té pour « privilégie­r et financer la politique sécuritair­e » , selon l’opposition de Laurence Fautra.
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Laurence Fautra dans son bureau à la mairie de Décines.

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