La folie brechtienne s’empare de la CroixRousse
MERCREDI 9 NOVEMBRE Après le Théâtre des Champs- Élysées, la semaine dernière, c’est au tour du metteur en scène Jean Lacornerie de relever le défi brechtien au Théâtre de la Croix- Rousse. La mise en scène est différente, point de Bob Wilson et de Berliner Ensemble, mais la même poésie pleine d’humour qui permit la naissance de cette impitoyable satire sociale. La création de Brecht et de Kurt Weill regorge de fureur, de scandales et d’extravagance. Pur produit de l’expressionnisme allemand, des années trente, L’Opéra
de quat’sous est toutefois directement tirée de l’Opéra du gueux écrit 200 ans auparavant, en Angleterre par John Gay. La toile de fond est la même, une pègre londonienne qui vit dans les bas- fonds de la capitale anglaise où ne règnent qu’assassins et flics corrompus et où une lutte de pouvoir fait fureur entre le roi des mendiants et un criminel. De cela, Brecht et Weill ont tiré un classique du répertoire, où les personnages s’adressent au public, où les bordures de la notion de théâtralité deviennent plus que floues et où les codes musicaux disparaissent lorsque Weill commence à jongler entre le jazz et le cabaret. Ni vraiment opéra, ni vraiment comédie musicale, L’Opéra de quat’sous est à la frontière entre les deux et tient plus du cabaret musical. L’adaptation en formation réduite de Jean Lacornerie rejoint celle de Bob Wilson, en plus épuré. Après tout, il ne faut que des acteurs sachant chanter et des chanteurs sachant jouer.
L’Opéra de quat’sous, mis en scène par Jean Lacornerie, avec Jean- Robert Lay à la direction musicale. Mercredi 9 et jeudi 10 novembre au Théâtre de la CroixRousse. À 20h. De 5 à 22 €. croix- rousse. com.