Le renouveau du café de quartier
Où est- il passé ? Voilà la question que nous posaient
plusieurs lecteurs, adeptes de réseaux informels liés à l’histoire de la gastronomie lyonnaise et à l’abus de vin nature. On veut parler de « Manu » , Emmanuel Jouve pour l’état civil, qui a marqué son époque ( récente) en créant des établissements comme A bon vin point d’enseigne, Mon père était limonadier, En mets fait ce qu’il te plaît… Ou encore la Manu- facture, une épicerie où certains chefs de la bistronomie locale découvrent des produits et boivent éventuellement des coups. Donc, Manu, après une retraite spirituelle dans la grande distribution bio, vient de réapparaître, en cuisine, à la Croix- Rousse, en association avec une jeune femme, Marika. Le lieu était, il y a peu, un bon vieux rade, avec sa clientèle au petit blanc à l’heure où les sages familles des alentours tournent au yaourt, thé et cornflakes.
Un petit truc en plus
Les tenants du renversement de table et de la restauration conceptuelle en seront pour leurs frais, le café de quartier est resté un café de quartier. Le type de clientèle est sensiblement le même : gens dudit quartier, intermittents spectaculaires, artisans au steak frites… Pourtant, attention, le bar à papa a fait sa mue. La déco comporte des murs recouverts d’isolant phonique, à nu ! Il y a une lampe phare de moto et une boule à facettes au plafond… Le vin s’est métamorphosé en mode « nature » ( une chouette sélection sur ardoise) loin de l’esprit tout venant en cubi, sans que la clientèle privée de ses sulfites rugisse. À l’intitulé, la cuisine ressemble à l’horloge comtoise de famille, classique, rituelle et ménagère : velouté de carottes orange et cumin, quiche lorraine, plat de côtes façon pot- au- feu, brandade de morue, parmentier de joue de boeuf. Mais il y a un petit truc en plus, discret, mais chamboulant tout un vieux système. L’huile d’olive de la salade, goûtue, les lardons de porc campagnard, voluptueux, apportent cet élément essentiel que l’on retrouve dans une nouvelle génération de néo cafés, l’intérêt pour le produit, et bien sûr pour le supplément de goût qui va avec, sans se prendre pour un Bocuse des temps modernes.