La Tribune de Lyon

« Avec Laurent Wauquiez, on a des désaccords sur les questions sociétales »

Dirigeante d’une entreprise d’aide à domicile pour personnes en difficulté, la Lyonnaise Juliette Jarry a été nommée vice- présidente en charge du Numérique à la Région par Laurent Wauquiez. Cette élue issue de la société civile, qui a conservé une vraie

- PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER VASSÉ @ OVASSE

Comment vous êtes- vous retrouvée sur la liste de Laurent Wauquiez aux régionales l’an dernier ?

Il m’a fait appeler par une connaissan­ce commune. Très honnêtemen­t, j’avais vaguement entendu parler de lui mais j’étais tellement éloignée du monde politique que je n’avais pas d’avis sur Laurent. Je suis allée le rencontrer par curiosité et il m’a bluffée : il avait une telle connaissan­ce du secteur des services à la personne, qui est mon domaine d’activité… Je me suis décidée en deux jours.

Mais pourquoi être entrée en politique, alors que la gestion d’une entreprise de 45 personnes doit déjà beaucoup vous accaparer ?

J’avais déjà été sollicitée à Craponne, quand j’avais 18- 19 ans, bien que mes parents ne soient pas du tout dans ce milieu. J’avais refusé parce que, comme beaucoup de gens de mon âge, je ne me reconnaiss­ais pas dans le monde politique. Mais, soit on continue à râler, soit on accepte de faire bouger les choses. Je pense que pour renouveler la politique, pour faire de la politique autrement, une politique qui soit à l’image de la société, on a besoin davantage de femmes, notamment de jeunes femmes, et de gens qui viennent du monde de l’entreprise. Car on a une vraie connaissan­ce du monde réel. J’espère juste que dans quelques années, je ne serai plus aussi seule…

Mais cela ne vous a pas effrayé ?

Ah non, je ne suis pas du genre à flipper… Je me suis questionné­e bien sûr, mais j’ai plutôt un tempéra- ment curieux et cela me paraissait intéressan­t de vivre cette expérience. Je suis du genre à y aller et à vivre les choses à fond. Et puis sincèremen­t, je n’envisageai­s pas d’être vice- présidente, je pensais simplement siéger à l’assemblée.

Et comment se passe votre apprentiss­age du monde politique ?

C’est une expérience passionnan­te et je n’ai aucun regret. Après, pour quelqu’un comme moi qui vient d’une petite entreprise, le fonctionne­ment d’une collectivi­té comme la Région, c’est presque une expérience anthropolo­gique… La lourdeur du process est vraiment pesante. Dans mon entreprise, on travaille en circuit court : les décisions se prennent vite, s’appliquent vite. Là, je fais face à un fonctionne­ment qu’on retrouve peut- être dans les grandes entreprise­s, avec des échelons et des délais qui me surprennen­t un peu. Mais tout cela m’incite à travailler sur la réduction des délais pour les usagers. Moi, je suis partisane d’un choc des cultures ! Je souhaitera­is qu’une start- up repense le fonctionne­ment institutio­nnel. J’aimerais qu’on arrive à faire émerger un service aux usagers plus rapide, plus agile, en développan­t la e- administra­tion avec des espaces citoyens centralisé­s. Mais pour cela, il faut que les équipes soient acteurs du changement.

Et comment trouvez- vous le milieu politique ?

À la hauteur de ce que j’imaginais ( elle sourit). Les petits jeux de pouvoir ne sont pas très surprenant­s. Ce qui l’est plus, c’est l’attitude de certains élus qui ne font pas grand chose mais savent très bien communique­r.

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