« Avec Laurent Wauquiez, on a des désaccords sur les questions sociétales »
Dirigeante d’une entreprise d’aide à domicile pour personnes en difficulté, la Lyonnaise Juliette Jarry a été nommée vice- présidente en charge du Numérique à la Région par Laurent Wauquiez. Cette élue issue de la société civile, qui a conservé une vraie
Comment vous êtes- vous retrouvée sur la liste de Laurent Wauquiez aux régionales l’an dernier ?
Il m’a fait appeler par une connaissance commune. Très honnêtement, j’avais vaguement entendu parler de lui mais j’étais tellement éloignée du monde politique que je n’avais pas d’avis sur Laurent. Je suis allée le rencontrer par curiosité et il m’a bluffée : il avait une telle connaissance du secteur des services à la personne, qui est mon domaine d’activité… Je me suis décidée en deux jours.
Mais pourquoi être entrée en politique, alors que la gestion d’une entreprise de 45 personnes doit déjà beaucoup vous accaparer ?
J’avais déjà été sollicitée à Craponne, quand j’avais 18- 19 ans, bien que mes parents ne soient pas du tout dans ce milieu. J’avais refusé parce que, comme beaucoup de gens de mon âge, je ne me reconnaissais pas dans le monde politique. Mais, soit on continue à râler, soit on accepte de faire bouger les choses. Je pense que pour renouveler la politique, pour faire de la politique autrement, une politique qui soit à l’image de la société, on a besoin davantage de femmes, notamment de jeunes femmes, et de gens qui viennent du monde de l’entreprise. Car on a une vraie connaissance du monde réel. J’espère juste que dans quelques années, je ne serai plus aussi seule…
Mais cela ne vous a pas effrayé ?
Ah non, je ne suis pas du genre à flipper… Je me suis questionnée bien sûr, mais j’ai plutôt un tempéra- ment curieux et cela me paraissait intéressant de vivre cette expérience. Je suis du genre à y aller et à vivre les choses à fond. Et puis sincèrement, je n’envisageais pas d’être vice- présidente, je pensais simplement siéger à l’assemblée.
Et comment se passe votre apprentissage du monde politique ?
C’est une expérience passionnante et je n’ai aucun regret. Après, pour quelqu’un comme moi qui vient d’une petite entreprise, le fonctionnement d’une collectivité comme la Région, c’est presque une expérience anthropologique… La lourdeur du process est vraiment pesante. Dans mon entreprise, on travaille en circuit court : les décisions se prennent vite, s’appliquent vite. Là, je fais face à un fonctionnement qu’on retrouve peut- être dans les grandes entreprises, avec des échelons et des délais qui me surprennent un peu. Mais tout cela m’incite à travailler sur la réduction des délais pour les usagers. Moi, je suis partisane d’un choc des cultures ! Je souhaiterais qu’une start- up repense le fonctionnement institutionnel. J’aimerais qu’on arrive à faire émerger un service aux usagers plus rapide, plus agile, en développant la e- administration avec des espaces citoyens centralisés. Mais pour cela, il faut que les équipes soient acteurs du changement.
Et comment trouvez- vous le milieu politique ?
À la hauteur de ce que j’imaginais ( elle sourit). Les petits jeux de pouvoir ne sont pas très surprenants. Ce qui l’est plus, c’est l’attitude de certains élus qui ne font pas grand chose mais savent très bien communiquer.