La Tribune de Lyon

Les chroniques de la rédaction

- LES MOTS DE LYON PAR JEAN- BAPTISTE MARTIN

L’adjectif qualificat­if « cafi » , ( écrit aussi caffi , - ie) est surtout employé aujourd’hui avec le sens « rempli, plein à l’excès, qui a en abondance » , comme le montrent les exemples suivants : « Cette année j’ai eu beaucoup de prunes, mon prunier en était cafi » , « Sa fi gure est cafi e de taches de rousseur » . Cette forme est surtout employée dans la partie centrale et occidental­e de Rhône- Alpes. Dans l’Ardèche, la Drôme et une partie de la Provence est employée la forme clafi ,- ie. Dans les relevés anciens de lyonnaisis­mes, cafi est aussi mentionné avec le sens « mal levé, tassé,

épais » en parlant du pain ou d’un gâteau ou avec le sens « plein, rempli » en parlant d’une personne ( on

peut, par exemple, « être cafi d’orgueil » ou « être cafi de colère » ) . « Un pain caffi est un pain mal travaillé, mal levé, mal cuit, qui ressemble plus à de la farine mouillée qu’à du pain ; c’est une masse lourde. Au fi guré, il voudra dire lourd, pesant, accablé » , a écrit A.

Vachet dans son Glossaire des gones de Lyon d’après M. Toulmonde et les meilleurs auteurs du Gourguillo­n et de la Grand’Côte ( 1907). Avec son humour habituel, Nizier du Puitspelu a illustré ce mot dans son Littré de la Grand’Côte ( 1894) avec l’exemple suivant :

Lorsque le pauvre Thierry ( mort photograph­e) voulut se marier, on lui présenta une demoiselle fort riche, mais, au grand désespoir de ses parents, il la refusa disant qu’il la trouvait trop cafi e. C’est une raison » .

Dans son Dico illustré des gones ( 1994), Félix Benoit cite, lui aussi, le mot cafi qu’il défi nit par « trop lourd » et propose les deux exemples suivants : « Le pain cafi vous reste sur l’estomac » et « Une vieille catolle cafi e en bondieuser­ie » . Clafi et cafi viennent, par l’intermédia­ire du substrat dialectal, du latin clavo fi gere « fi xer avec un clou » .

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