Avocats & experts- comptables. Revenus : Les femmes, parents pauvres de la profession d’avocat
Les avocates restent incroyablement moins bien payées que leurs homologues mâles à Lyon. La bâtonnière Laurence Junod- Fanget a voulu s’attaquer au problème lors de la dernière assemblée générale du barreau de Lyon, mais ne s’attendait pas à de tels écarts : « Nous avons diligenté une étude ; les chiffres
sont incroyables et édifiants » , claquet- elle. Et pour cause. L’étude montre des écarts de revenus qui atteignent 48 % après dix ans d’exercice et 45 % après trente ans. Concrètement, un avocat bien installé, après trente ans de carrière, génère un revenu d’environ 110 000 euros par an, tandis qu’une avocate plafonne à 60 000 euros.
Différences flagrantes Reste à comprendre pourquoi. Et ce n’est pas gagné. « On nous dit que les femmes travaillent moins parce qu’elle s’occupent de leurs enfants. Mais cela ne peut pas justifier de telles différences. Si c’était la principale cause, les différences de revenus ne seraient pas
si importantes en fin de carrière » , tacle la bâtonnière. Autre thème qui pourrait justifier le grand écart des revenus : le choix des spécialités. Schématiquement, les femmes seraient davantage portées vers des spécialités comme le droit de la famille ou le social, peu rémunératrices, tandis que les hommes plébisciteraient le droit des affaires ou le droit fiscal, nettement plus lucratifs. Outre l’ancienneté dans la profession, le Barreau de Lyon a analysé les revenus en fonction des statuts. Et, là encore, les différences sont flagrantes : 39 % d’écart entreavocats et avocates individuels, 29 % pour les salariés, 19 % pour les collaborateurs et plus de 30 % pour un associé. « Le Barreau est aussi le reflet de la société. L’avocat est un entrepreneur et, dans d’autres secteurs que le nôtre, il existe des différences de revenus tout aussi flagrantes entre les hommes
et les femmes » , regrette Géraldine Morris- Becquet, avocate qui a justement choisi le droit des affaires et qui connaît bien, à ce titre, le monde de l’entrepreneuriat. Selon elle, les différences tiennent aussi à « des choix culturels et des choix de vie » ,
mais « les différences constatées sont telles qu’il faut vraiment creuser la question pour identifier les causes réelles » . À défaut d’avoir une explication précise, le barreau de Lyon travaille sur un plan d’action pour développer la parité. La bâtonnière veut pouvoir proposer des solutions « d’ici à six mois » . FRANCOIS SAPY