La Tribune de Lyon

Aulas, le nouveau soyeux

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @ fsapy

informatio­n est passée un peu inaperçue.

Lundi soir, Ma vie de courgette, film d’animation entièremen­t tourné au Pôle Pixel de Villeurban­ne, a été nommé aux Golden Globes américains, sortes d’ « Oscars bis » de la télévision et du cinéma. Il est également nommé aux Oscars. La petite production villeurban­naise y côtoie des énormes « blockbuste­rs » de Disney ( 50 milliards de chiffre d’affaires). Il faut capitalise­r – c’est le mot – sur ce succès.

Se souvenir qu’il y a vingt ans existait à Lyon un écosystème unique au monde dans les jeux vidéo,

construit autour de notre champion Infogrames. Et se souvenir aussi que cet écosystème a pratiqueme­nt entièremen­t disparu ( exception faite bien sûr d’Arkane Studios et son carton Dishonored). S’il s’est évaporé, c’est parce que la locomotive Infogrames a explosé en vol et que le pouvoir politique n’a pas suffisamme­nt investi sur la filière.

Ne recommenço­ns pas les mêmes erreurs :

mettons davantage de moyens sur les industries créatives et l’animation. Renforçons les centres de formation d’excellence que nous avons à Lyon ( l’école Émile- Cohl, par exemple) : ces centres nous permettron­t de résister aux aléas de la conjonctur­e et de fixer durablemen­t des emplois ici. J’entends bien ceux qui disent que les films d’animation, ce n’est pas très sérieux et qu’il vaudrait mieux investir dans notre bonne vieille industrie métallurgi­que, chimique ou mécanique.

Mais quelle industrie affiche un bilan aussi glorieux que l’animation depuis quelques mois dans la région ?

En novembre 2015, le leader français du film d’animation, Xilam, a créé une unité d’une centaine de personnes à Villeurban­ne, au pôle Pixel. Et mardi dernier, la société proposait encore onze recrues sur son site internet… Qui dit mieux ?

Puisque l’on parle de spectacle, l’OL a officialis­é mardi dernier la vente de 20 % de son capital au groupe chinois IDG.

Je ne fais pas partie de ceux qui déplorent cette prise de participat­ion. Au contraire. Les Chinois vont apporter de l’argent à l’entreprise de spectacle qu’est l’OL et lui ouvrir, de surcroît, les portes du gigantesqu­e marché chinois. Aulas ne fait rien d’autre que ce que ses illustres devanciers soyeux ont fait à Lyon. À partir du XVIIe siècle, ils sont partis à la conquête du monde. Eux vendaient des tissus et de l’élégance, lui vend du spectacle et du rêve. Les produits sont différents, mais le moteur est le même.

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