La Tribune de Lyon

Lyon a bien changé, l’Insee le prouve

- VINCENT LONCHAMPT,

On le répète chaque semaine dans ces pages, Lyon est une ville qui bouge, une ville qui change. L’Insee vient d’en faire une nouvelle démonstrat­ion en publiant une étude détaillée* sur les mutations socio- économique­s des arrondisse­ments de Lyon au cours des 40 dernières années. Comme la plupart des villes françaises, Lyon a connu une hausse de la qualificat­ion de sa population, avec les cadres qui ont remplacé les ouvriers. Ce n’est pas un scoop, certes, mais les chiffres dévoilés sont frappants : 34 % des Lyonnais étaient des ouvriers au début des années soixante- dix, ils ne sont plus que 11 % aujourd’hui. Et, inversemen­t, la part des cadres a triplé, pour passer de 10 % à 30 %. Un phénomène de gentrifica­tion qui est particuliè­rement marqué dans le 1er arrondisse­ment. Généraleme­nt avare en superlatif­s, l’Insee parle ici d’une « spectacula­ire évolution sociale » . Désormais prisés par une classe moyenne supérieure ( avec 36 % de cadres et de profession­s intellectu­elles), les quartiers des Terreaux et des Pentes ont été transformé­s par les programmes de rénovation. Pour compter parmi les quartiers les plus animés et les plus chers de l’agglo, avec des logements « où l’étiquette “canut” est désormais un signe de prestige » . Il n’en a pas toujours été ainsi, loin de là. « Au milieu des années 1970, l’habitat y était ancien et souvent vétuste. Près de la moitié des habitants n’avaient ni baignoire, ni douche dans leur logement et plus de 40 % ne disposaien­t pas de W. C. » , rappelle l’Insee.

Des transforma­tions sociales, aussi, dans les 8e et 9e arrondisse­ments. Symbole de la désindustr­ialisation des centres- villes, les usines sont parties et la population ouvrière a été plus que divisée par deux ( de 42 % à 18 %). Et, s’ils gardent une dimension plus populaire que les autres, ces arrondisse­ments sont frappés, eux aussi, par le phénomène de gentrifica­tion, « autour du quartier de Monplaisir dans le 8e, ou de Vaise dans le 9e » , soulignent les auteurs de l’étude.

Finalement, il n’y a bien que les 2e et 6e arrondisse­ments qui ne changent pas, gardant « un niveau de vie bien plus élevé que dans le reste de Lyon » . Pourtant, il serait faux de croire qu’on parle là uniquement de « quartiers de riches » . L’Insee rapporte, à ce titre, que 10 % des personnes logeant dans ces arrondisse­ments vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est- à- dire avec moins de 1 000 euros par mois. « Surtout des personnes seules, jeunes, qui vivent dans de petits logements » , précise l’étude. Et Lyon a beau être considérée comme une ville bourgeoise, le taux de pauvreté atteint presque 14 % sur l’ensemble des arrondisse­ments. Preuve qu’il reste toujours des oubliés de la gentrifica­tion. * Les arrondisse­ments de Lyon : de profondes mutations socio- économique­s en 40 ans, Insee, décembre 2016.

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