La Tribune de Lyon

Le bûcher des vanités

FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

- @ fsapy

C’est le bûcher des vanités. Notre dossier sur les losers de la politique va faire grincer des dents dans le landerneau du microcosme lyonnais. Mais en fait, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine tendresse pour ces hommes politiques qui s’acharnent à vouloir être élus alors que, suff rage après suff rage, le message des électeurs est sans appel : passez votre chemin !

Hamelin, Fraysse et bien d’autres, ne s’avouent jamais vaincus et s’accrochent

telle la moule sur son rocher. Dans le monde impitoyabl­e de la politique, ils provoquent force sourires dédaigneux. Mais, pour ma part, je trouve que s’obstiner parce qu’on y croit, c’est la preuve d’une certaine noblesse.

Bien sûr, il est facile de faire un procès

d’intention : tous les « amis » des ces ex ou éternels prétendant­s vont dire d’une même voix que c’est la soif du pouvoir et de la notoriété qui les fait avancer. Peut- être. Peut- être pas. Et si c’était les conviction­s aussi ? En quoi l’ambition serait- elle acceptable dans l’entreprise et ne le serait pas dans la sphère publique ? Ce n’est pas Collomb qui dira le contraire, lui qui fut l’éternel loser de la gauche à Lyon pendant des décennies, avant de devenir le maire bâtisseur que l’on connaît. C’est vrai qu’aux États- Unis, une claque suffi t pour quitter les chemins de la politique. Mais en France, on s’acharne, on reste, on demeure, on rouille.

D’aucuns disent que c’est une mauvaise

chose. Je n’en suis pas si sûr. Après un bout de vie passé à traverser des déserts, je pense que l’on comprend un peu mieux le monde.

Comme souvent avec l’INSEE, notre institut d’étude économique, des informatio­ns assez étonnantes se cachent dans des tableaux

désespéran­ts. Le 2 janvier, l’INSEE a publié une étude édifi ante sur l’évolution de la population dans notre région. Il en ressort que la métropole lyonnaise ne cesse de gonfl er. Elle compte aujourd’hui 1,35 million d’habitants et, surtout, elle en a gagné plus de 150 000 depuis 1999. Schématiqu­ement, depuis moins de vingt ans, la métropole a gagné, en nombre d’habitants, l’équivalent de la ville de Saint- Étienne. Pendant ce temps, Paris, depuis 2009, a perdu 14 000 habitants. D’ici à trente ans, le modèle jacobin français sera profondéme­nt remis en cause.

Cela aurait pu être une belle histoire. Ma vie

de courgette, fi lm d’animation tourné en “stop motion” a Villeurban­ne, a fi nalement dû s’incliner aux Golden Globes devant la grosse Bertha du cinéma américain : Zootopie, des studios Disney. Mon coeur lyonnais saigne, mais ce n’est pas fi ni : le 26 février, il reste les Oscars.

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