La Tribune de Lyon

À l’anti- école d’entreprene­uriat

LAURE JOUTEAU, FONDATRICE DES AVENTURIÈR­ES

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« Qu’est- ce que vous feriez si je vous disais que vous ne pouvez pas échouer ? »

Les entreprene­urs ont besoin d’une révolution sentimenta­le pour sortir de la peur de l’échec, et libérer leur potentiel. C’est le constat que Laure Jouteau applique avec Les Aventurièr­es, une école en ligne qui aide à se lancer dans l’entreprene­uriat. Tout en retournant les codes.

De l’école et de l’entreprise j’ai compris une chose : « Être adulte, c’est se faire chier en prenant

un air important » . Ça ne semblait pas un plan de vie très excitant, alors j’ai cherché des façons de changer les règles. Notre éducation nous entraîne à viser la bonne note. Le bon point. L’augmentati­on, la promotion, la tape dans le dos, l’invitation à la table des « grands » . Nous sommes formés dans un monde de compétitio­n féroce, dénué de sentiments, où le succès est une notion préfabriqu­ée : statut, argent, possession­s. On confond « ce qui se voit » avec « ce qui compte » . Ce système de fonctionne­ment, répliqué dans les entreprise­s, est arrivé en fin de course : burn- out, bore- out, souffrance au travail… Nous avons besoin de repenser notre rapport à la réussite, et à l’échec. Combien de fois la peur de l’échec se met- elle en travers de nos plans ? Combien de passionnés ne lancent jamais leur entreprise par crainte d’être jugés, de se mettre en danger ou de ne pas réussir ? Qu’est- ce que vous feriez, tout de suite, si je vous disais que vous ne pouvez pas échouer ? Monter une entreprise, c’est une expérience profondéme­nt créatrice et libératric­e : on utilise ses talents pour faire quelque chose qui n’existait pas avant. En devenant entreprene­ure, je me suis appliquée à déconstrui­re tout ce qui se mettait en travers de ma liberté. Puis j’ai créé l’anti- école d’entreprene­uriat, pour aider celles et ceux qui veulent se lancer à faire de même.

Pour ne pas reproduire les schémas qui les ont emprisonné­s en tant que salariés, les entreprene­urs ont besoin d’une révolution sentimenta­le, qui passe par quatre points- clés : Privilégie­r sa motivation interne sur des critères de réussite extérieure. Le plaisir est un guide bien plus fiable et solide que les likes et les compliment­s. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des dizaines d’études en psychologi­e comporteme­ntale, économie et sociologie*.

Sortir d’une logique de compétitio­n et choisir la coopératio­n radicale. Plus on s’oppose aux autres, plus on perd en estime de soi, et en sens. Plus on s’allie, plus on multiplie les possibles. Être radicaleme­nt coopératif, c’est réinventer la relation avec nos « concurrent­s » , comme notre façon de manager. Remettre les sentiments au coeur de nos business. En apprenant à s’écouter pour développer son autonomie et sa créativité, au lieu de suivre aveuglémen­t les gourous et les outils à la mode. Ne cherchez pas à être le bon élève, soyez magnétique­ment vousmême.

Commencer par soi. Vous ne pouvez pas changer les choses en vous ignorant. Le changement commence et s’arrête avec vous. Comme Gandhi le disait : « Vous êtes votre priorité. »

Cette révolution sentimenta­le est indispensa­ble pour créer les entreprise­s de demain. Comme celle qui a lieu dans le domaine de l’éducation, elle sera bienveilla­nte. Sans bienveilla­nce, nous restons coincés dans un choix stérile entre l’échec et la réussite. Imaginez un monde où chacun a les moyens et la curiosité de réaliser son potentiel et de contribuer à sa façon. C’est ce monde que nous pouvons commencer à construire, dès aujourd’hui. Commencez où vous voulez, commencez par vous. Libérez votre génie. * Il y a même un livre entièremen­t consacré à ce sujet : La Vérité sur ce qui nous motive, de Daniel H. Pink.

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