La Tribune de Lyon

Macron s’invite au dîner

-

Bruno Bonnell prédisait le mois dernier qu’Emmanuel Macron serait le sujet central des Français autour de la dinde de Noël. Nous avons pourtant réveillonn­é en famille sans que l’histoire de l’ancien ministre de l’Économie ne tienne plus de deux minutes, le temps de quelques sarcasmes sur son épouse Brigitte, sûrement des jalousies de filles. Il a fallu attendre le week- end dernier pour que le sujet anime enfin un dîner auquel nous étions conviés. Autour de la table, des bobos de la Croix- Rousse qui se disent proches des idées de Mélenchon, de Bayrou, d’Hamon, de Valls. Et même de Poutou du NPA. On vous l’accorde, certains Croix- Roussiens, surtout quand ils habitent dans des appartemen­ts à 450 000 euros, sont désespéran­ts. Mais surprise : le point commun de tous ces électeurs de « gauche » ( les guillemets sont pour Philippe Poutou, on ne voudrait pas le braquer) s’appelle Macron. Les raisons entendues sont très diverses : il veut renforcer l’école dans les quartiers sensibles, il ne dit pas que l’islam est incompatib­le

avec la République, il représente une nouvelle génération, il est profondéme­nt européen… Un des convives, le mélenchoni­ste, a même lancé : « S’il accorde le droit de vote aux immigrés, je vote pour

lui » . C’était avant le digestif, donc il faut le croire. Même si on n’a toujours pas compris clairement la ligne politique de l’ancien sherpa de François Hollande, force est de constater que, pour l’instant, la bulle ne se dégonfle pas. Au contraire. Un cadre des Républicai­ns du Rhône nous avouait même en début de semaine que Macron était devenu un sujet qui inquiète la droite ( sans guillemets, Poutou sera d’accord). Alors, convaincu ? Pas encore, pas tout à fait. Car le résultat de la primaire sera décisif dans le décollage de la fusée En Marche. Une victoire de Hamon ou Montebourg serait pour Emmanuel Macron une aubaine qui le propulsera­it au même niveau que François Fillon. Mais si Valls gagne, le combat sera sans merci car l’enjeu sera le leadership de la « gauche » pour les cinq ans à venir. Le verdict tombera dans dix jours. Ensuite, début février, Macron sera en meeting au Palais des sports de Gerland pour lancer vraiment la campagne. C’est à Lyon, peut- être, que tout commencera pour lui.

Newspapers in French

Newspapers from France