La Tribune de Lyon

« Collomb et moi, on est très différents »

On l’a peu entendu avant la primaire de la gauche. Pourtant, le socialiste Jean- Paul Bret assure qu’il ira bien voter dimanche. Toujours pas convaincu par Emmanuel Macron, le maire de Villeurban­ne revient surtout sur ce qui le différenci­e de Gérard Collo

- PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER VASSÉ

Le premier tour de la primaire de la gauche est programmé ce dimanche et vous n’avez toujours pas choisi de soutenir un candidat. Pour quelle raison ?

JEAN- PAUL BRET : Contrairem­ent à 2011, où j’avais fait partie des premiers soutiens de François Hollande, je n’ai pas cette fois d’adhésion naturelle. Je suis un peu dans l’expectativ­e, même si je trouve certains plus sympathiqu­es que d’autres. Et puis je pense qu’apporter un soutien à un candidat n’a pas trop d’influence sur le vote des gens. Regardez ce qui s’est passé avec les sarkozyste­s du Rhône pour la primaire de la droite. L’engagement de l’appareil n’a pas pesé dans le vote.

Mais vous allez quand même voter ?

Bien sûr ! Mais je le ferai comme un citoyen, sans vous dire pour qui j’ai voté. Cette primaire, j’avais envie de faire campagne pour la promouvoir, mais sans prendre parti pour l’un ou pour l’autre. J’avais besoin de voir comment les débats se passent et de déterminer celui qui sera le plus à même de gagner. Ou au moins de bien figurer. Car même si la situation est difficile, j’espère qu’elle va nous donner l’occasion de nous en sortir.

On dirait que vous êtes toujours orphelin de François Hollande ?

Non. Sa gouvernanc­e l’a conduit à prendre cette décision de renoncemen­t que je partage. Je pense qu’il aurait pu être candidat, il en avait pris le chemin, les circonstan­ces économique­s s’amélioraie­nt… Mais le livre Un Président ne devrait

pas dire ça a fait mal. Néanmoins, je ne fais pas partie de ceux qui pensent que le Parti socialiste va imploser. La gauche a encore un avenir, elle pèse toujours environ un tiers de l’électorat. Son histoire n’est pas finie.

Emmanuel Macron, ce n’est toujours pas votre tasse de thé ?

J’ai beaucoup de réserve sur l’homme, sur son parcours… Sur le fond, je n’apprécie pas qu’il ait été pouponné et qu’il se comporte ainsi avec le Président. Quant à son attitude christique, elle m’est totalement étrangère, on dirait qu’il auto- extasie de lui- même… Je suis vraiment dubitatif sur la suite d’une telle aventure. Sincèremen­t, je ne la vois pas durer. Il évoque 120 000 adhérents, mais il suffit d’appuyer sur un bouton sur internet. Cela n’a rien à voir avec des militants qui payent une cotisation, qui s’engagent… Et puis je reste attaché à l’expérience, il faut un minimum de parcours et d’engagement politique pour prétendre à un tel poste. Regardez Gérard Collomb à Lyon, il est devenu maire après beaucoup d’échecs, mais aussi un vrai travail d’implantati­on dans sa ville. Macron, c’est l’antithèse de ce parcours. Ce qui me rend interrogat­if sur les raisons de l’enthousias­me de Collomb…

Mais qu’est- ce que vous avez avec Gérard Collomb, que vous égratignez systématiq­uement ?

Avec Collomb, on est très différents. Déjà il a ce tropisme entreprene­urial que je comprends, car il faut de l’activité économique pour développer une ville, mais je suis plus ouvert que lui sur ce qui relève de la solidarité ou de l’expériment­ation sociale. Exemple, on a monté récemment une opération zéro chômeur à Villeurban­ne, qui consistait à affecter les différente­s aides sociales à de la création d’emploi. Un seul quartier de la ville était concerné, ce n’était pas une révolution sociale, mais une expérience qui méritait d’être tentée. Bien que son avis ne soit pas déterminan­t, il fallait qu’il accepte, en tant que président de la Métropole, que le RSA aille dans la caisse. Et il a été très difficile à convaincre, alors que son entourage le poussait à essayer…

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