Collèges des quartiers, pas une fatalité
MANUEL PENIN, PROFESSEUR DE FRANÇAIS DANS UN COLLÈGE DE VÉNISSIEUX La réputation des collèges des quartiers sensibles n’est plus à faire. Climat tendu, crise de confi ance entre certains élèves et professeurs, démotivation du corps enseignant… Mais ces im
Avec mon récit témoignage Collège des Quartiers,
j’ai voulu faire un point sur cinq années d’enseignement en éducation prioritaire. J’avais besoin de témoigner pour surpasser le choc de cette expérience professionnelle, tant la rencontre culturelle peut se montrer d’une grande violence. C’était malgré tout une manière d’exprimer mon attachement à l’éducation populaire, à son défi quotidien et à ses beaux enjeux. Car offrir aux adolescents les codes de notre civilisation, c’est leur ouvrir le chemin de l’escalier social et des perspectives humaines réclamées de toutes parts. Or tant les volontés que les réalités convergent, dans l’observation que j’ai pu en faire, vers une réelle efficacité de la mobilité sociale : notre objectif est de les aider à se donner les moyens et les résultats sont au ren
dez- vous, ce que je trouve très encourageant. Avec cet ouvrage, j’avais donc pour ambition d’attirer un autre regard sur cette banlieue, un regard d’espoir et de conviction, une vision de l’intérieur qui supplante les inquiétudes. C’est également un message de soutien aux jeunes que notre école accompagne chaque jour à franchir le pas de l’acculturation et à mettre en oeuvre le projet multiculturel français. Un hommage aux familles et aux collègues qui s’impliquent et investissent une grande énergie. Je regarde leur engagement, et celui des professeurs souvent jeunes, comme un acte courageux au service de la cohérence de notre société. Concernant plus particulièrement les « entrants dans le métier » , les enseignants qui sortent de l’Université, j’aimerais que ce livre puisse révéler un vécu partagé, qu’il puisse leur être une boussole parmi les affres éventuelles des premières années. Personnellement, au départ, j’étais en recherche de telles pages où alternent exposé des faits, ressenti et analyse.
Je voudrais souligner les progrès considérables qui sont par ailleurs accomplis sur le plan de l’urbanisme dans l’agglomération lyonnaise, en termes de transport, de qualité du logement. J’ai l’impression que cela favorise l’harmonie sociale dans ces secteurs, ce qui va se traduire par davantage de mixité et d’apaisement dans le climat scolaire. À notre niveau, ce que l’on constate c’est une relative dilution des violences, contre lesquelles il faut bien sûr rester vigilant.
Mais ce livre présente, d’autre part, un objectif pédagogique : en lui germe une réflexion sur l’éducation à l’adolescence. La problématique du collège n’est pas l’exclusivité des quartiers. Il s’agit en réalité d’un débat qui a besoin d’être pris en compte, de sorte que les pratiques commencent à se repenser, à se réorganiser. C’est le coeur d’un projet auquel je travaille actuellement, fondé sur les apports de Maria Montessori.
Comme le soulignait le Dr Maria Montessori, l’adolescence est un âge où l’être humain concentre sa formation sur le développement des compétences sociales. Ses conclusions sont le fruit d’une observation scientifique de l’enfance. L’actualité appelle notre attention sur la nécessité d’une refonte de nos pratiques dans ce sens. Ce thème fait l’objet de mon deuxième livre, De la Fraternité – adolescence et frater
nité, consacré au renouvellement de l’éducation des adolescents. Cet essai entre en résonance avec deux projets qui m’animent aujourd’hui : d’une part l’ouverture d’un Collège Montessori à Lyon, à laquelle nous travaillons en équipe pour septembre 2017 ; d’autre part une expérimentation innovante du même type au sein de l’Éducation Nationale.
« Off rir aux adolescents les codes de notre civilisation, c’est leur ouvrir le chemin de l’escalier social et des perspectives humaines réclamées de toutes parts. »