La Tribune de Lyon

Les deux visages de Lyon

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @ fsapy

Faire cohabiter un dossier sur Bocuse et un autre consacré à l’université de Lyon dans le même hebdomadai­re est lourd de sens ( même si c’est un parfait hasard !) : le nécessaire équilibre entre les racines et les ailes de notre Métropole.

D’un côté, un hommage à nos racines, au

Pape de la gastronomi­e, à « Monsieur Paul » , le Lyonnais le plus connu du monde. Bocuse, c’est LA culture lyonnaise. Sans lui, la ville n’aurait certaineme­nt pas conservé sa réputation de capitale mondiale de la gastronomi­e et tout le chiff re d’aff aires que cela génère. Car, si l’on regarde objectivem­ent les choses ( en nombre d’étoiles par exemple), Lyon a bien changé depuis 1935, date à laquelle Curnonsky l’a aff ublée de ce titre. Ce n’est plus vraiment la capitale de l’audace culinaire. Mais Bocuse nous rappelle notre devoir d’excellence en la matière. Sa seule présence met l’eau à la bouche du monde entier, ainsi incité à venir dépenser ses sous entre le Rhône et la Saône. Je ne crois pas qu’il existe une quelconque étude sur l’importance de la gastronomi­e dans le choix de la destinatio­n Lyon, mais je suppose que c’est assez considérab­le.

De l’autre côté, une université lyonnaise

en devenir. Même si elle est contestée par certains acteurs qui craignent de voir leur marque dissoute dans la nouvelle IDEX ( réponse dans la semaine du 20 février, on croise les doigts), il faut faire ce regroupeme­nt. L’IDEX, c’est en eff et notre chance d’avoir dans nos murs une université qui compte, riche d’établissem­ents prestigieu­x.

Sans l’IDEX, diffi cile de rayonner à l’échelle

mondiale. Cela me rappelle le moment où Lyon et Saint- Étienne se faisaient la guerre : c’était totalement destructeu­r, même si ça renforçait chez les uns et les autres le sentiment d’appartenan­ce local. Depuis que les deux villes travaillen­t ensemble, elles partent beaucoup plus facilement à la conquête du monde. Même chose pour les université­s. Elles devront peutêtre apprendre à être plus partageuse­s, mais ce sera ça ou bien se rabougrir jusqu’à disparaîtr­e.

En ces temps agités d’aff aires et d’élections, il serait intéressan­t que nos élus ou nos futurs élus prennent la mesure de ces deux faces indissocia­bles de la réussite

lyonnaise. D’un côté, une culture forte et bien identifi ée dans laquelle chacun d’entre nous se reconnaît. De l’autre, la volonté d’innover, quitte à bousculer des certitudes, des pesanteurs et les caciques de tout poil. Celui qui respectera l’un sans pour autant renoncer à l’autre contribuer­a à faire de notre Métropole l’une des plus puissantes d’Europe.

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