La Tribune de Lyon

# SophieGate

- POLITIQUE LYONNAISE par OLIVIER VASSÉ @ ovasse

Il a raison, François Fillon, de différenci­er ce qui est légal de ce qui est moral. Dans notre province éloignée, on est face au même cas de conscience. Voilà l’histoire, qui nous met franchemen­t mal à l’aise : Christophe Guilloteau, qui préside le conseil général du Nouveau Rhône, est également député de la 10e circonscri­ption. Avec la loi sur le non- cumul des mandats, il est censé faire un choix. Mais Guilloteau est un malin : il a décidé de ne pas choisir et de proposer dans sa circonscri­ption la candidatur­e de sa compagne, Sophie Cruz, pour les élections de juin. Ni vu ni connu. Précisons tout d’abord que Sophie Cruz, sévèrement battue aux cantonales de 2015, a eu l’insigne honneur de devenir conseillèr­e régionale six mois plus tard, alors que Laurent Wauquiez avait pris soin de se débarrasse­r des losers de son parti. Sa compétence, plus que le soutien de son mari évidemment, a dû sembler indispensa­ble au président de la Région. Ajoutons qu’elle est par ailleurs assistante parlementa­ire de son conjoint, Christophe Guilloteau. La politique n’est pas qu’une question de conviction­s, c’est aussi une affaire de tiroir- caisse. Alors sortons notre calculette : le petit tour de passepasse électoral permettrai­t en effet d’agrémenter sensibleme­nt les revenus du foyer. Aujourd’hui, le député- président du Conseil général est soumis au plafonneme­nt des revenus de l’élu. Il ne touche « que » 8 272 euros brut, son indemnité de président du Nouveau Rhône étant limitée à 2 700 euros. Alors que si son épouse devient députée en juin, il pourra récupérer entièremen­t son indemnité au Départemen­t, qui atteint 5 500 euros. Un vrai jackpot, tout à fait légal, même si moralement on a le droit de penser que c’est du népotisme. Le comble dans cette affaire, c’est la réaction de Guilloteau, qui a insulté Antoine Comte, le journalist­e de Tribune

de Lyon qui a sorti cette affaire. Avant d’avouer à des proches que tout cela « lui en touche une sans

faire bouger l’autre » . Et pour cause : notre journal, plutôt urbain, est peu lu à Saint-Genis- Laval ou Saint-Laurent- de- Chamousset, les communes de sa circonscri­ption. Il appartient donc aux élus, et notamment ceux de droite dont une partie est vent debout face au culot de Guilloteau, de relayer cette affaire auprès des électeurs ou sur Twitter. On a déjà le hashtag : # SophieGate. À eux de jouer maintenant, s’ils veulent que certaines pratiques cessent.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France