Comment les universités lyonnaises vont se transformer
C’est pour beaucoup une histoire d’influence et de gros sous. Un projet opaque et qui concerne une minorité d’universitaires à Lyon. Et pourtant, le concours Idex, auquel participe l’Université de Lyon, devrait d’ici dix ans bouleverser le paysage de la M
Mercredi 18 janvier. Ils sont
tous là, réunis entre les hauts murs de l’Hôtel de région : Laurent Wauquiez, le président de Région, Gérard Collomb, maire de Lyon et président de la Métropole, Michel Delpuech, le préfet, Françoise Moulin Civil, la rectrice de l’académie de Lyon, Emmanuel Imberton, le président de la CCI Lyon Métropole… Les principaux représentants des mondes socio- économique et politique ont fait le déplacement, cette fois, pas pour un match de l’OL ou l’inauguration d’un grand chantier, mais pour affirmer, publiquement et solidairement, leur soutien à l’Idex et la création à Lyon d’une université unique et intégrée. Le plus gros bouleversements du paysage universitaire lyonnais. Ce n’est pas clair ? Reprenons : en juin 2016, les universités et les grandes écoles de Lyon et SaintÉtienne ont déposé un dossier devant un jury international. Si ce dossier venait à être accepté ( la réponse doit tomber après le 20 février), il mènerait d’ici à dix ans à la disparition des universités actuelles et la création d’une université unique qui chapeauterait cet ensemble. Les trois universités lyonnaises et l’université de Saint- Étienne, ainsi que huit grandes écoles ( dont l’INSA, Sciences Po et l’ENS) seraient ainsi regroupées au sein de cette structure. En prime, 30 millions d’euros seront débloqués chaque année pour accompagner le développement du projet. Et si tout ce beau monde s’est réuni à la région le 18 janvier dernier, c’est bien parce que ce programme marquerait le plus gros bouleversement de l’histoire de l’enseignement supérieur lyonnais. Problème : si l’objectif final est connu, les moyens d’y arriver sont pour l’instant un peu flous. Et pour cause, le dossier présentant le projet a été gardé secret, les membres se donnant jusqu’à 2020 pour dessiner les contours de la future université, tout en gardant le droit de se retirer du projet à tout moment, et les discussions internes à chaque établissement ont parfois été tendues… Bref, à deux semaines d’affronter le jury, les incertitudes sont nombreuses. Ce qui n’empêche pas Khaled Bouabdallah, président de l’Université de Lyon ( UdL) et moteur du pro
jet, de rester optimiste. « Même si le coeur du projet reste à construire par la communauté universitaire, les choses sont parfaitement claires, avance- t- il. Nous souhaitons une grande université organisée avec des composantes internes qui jouiront d’une grande autonomie » . Reste à définir ces composantes. « L’un des scénarios pourrait être la construction d’une grande structure “N”, développe pour sa part Guillaume Protière, doyen de la faculté de droit et science politique de Lyon 2. À l’intérieur de celle- ci, des “schools”, des rassemblements disciplinaires vont être créés, calqués sur les collèges académiques qui existent déjà au sein de l’UdL. Par exemple, celui de droit- éco- gestion, auquel j’appartiens. Au niveau “N- 2”, il y aurait plusieurs composantes, qui correspondraient aux facultés actuelles. Les laboratoires de recherche, qui ne sont aujourd’hui pas des composantes, pourraient le devenir. Recherche et formation seraient alors différenciées. »
Perte de personnalité morale. Si tout cela peut paraître opaque, l’ambition est pourtant bien d’acquérir « une plus grande cohérence en matière de recherche, de
formation d’innovation, martèle Khaled Bouabdallah. Nous ne devons pas créer un mammouth irresponsable qui ne pourra pas bouger d’un millimètre. » Pour cela, il faudra lier étroitement les différentes composantes entre elles. Ce que Thierry Magnin, recteur de l’Université catholique
de Lyon ( Ucly) appelle des « passerelles » . « Il faut que ces passerelles permettent plus facilement à un étudiant de passer d’une composante à une autre. Aujourd’hui, pour un étudiant de Lyon 1, les passerelles sont limitées à Lyon 1. » Bien qu’elle ne fasse pas partie
« Nous ne devons pas créer un mammouth irresponsable qui ne pourra pas bouger d’un millimètre. » Khaled Bouabdallah
intégrante de la future université unique, l’Ucly prendra part au projet. « Nous sommes associés, c’est- à- dire que nous travaillerons sur un certain nombre de thématiques en commun. » Au total, une soixantaine d’enseignants- chercheurs de l’Ucly seront ainsi pour un temps donné « mis à disposition » de l’université unique, qui les gérera à sa guise. De par sa position, l’Ucly conser- vera son indépendance, et donc sa personnalité juridique et morale. Ce qui ne sera pas le cas des composantes de l’université unique, au grand dam de certains qui craignent de perdre leur identité. Une question qui, là aussi, charrie son lot de difficultés. « Quelle place va- t- on donner aux grandes écoles ? s’interroge Guillaume Protière. On a intérêt à ce qu’elles nous suivent mais comment les