La Tribune de Lyon

Le fils du boulanger

Directeur de théâtre atypique, Alain Moreau fête les 25 ans du nouveau théâtre de Villefranc­he avec Ostermeier. Et une programmat­ion éclectique à part dans la région.

- L. H.

Brut de décoffrage

Il aime les choses simples, comme son père, qui faisait le meilleur pain possible pour les clients de sa boulangeri­e. « Comme beaucoup de gens, j’ai eu accès à la culture grâce à la télévision et le cinéma sur France 3 » dit ce presque retraité. « Mon père m’amenait au foot, pas au théâtre. » Son idole reste Charlie Chaplin, il a d’ailleurs été un des premiers à programmer en France James Thierrée, petit- fils du réalisateu­r. Mais c’est par André Robillard et l’art brut dont il est fou depuis 30 ans qu’il s’est ouvert la tête. « Je suis devenu curieux à force d’être au contact des Martiens de l’Art brut, ça m’a rendu plus libre »

Le demoiseau de Rochefort

Passé par le milieu associatif, loin des formations très administra­tives de la plupart des directeurs de théâtres publics, il a d’abord dirigé « un des plus beaux

théâtres à l’italienne de France » , la Coupe d’Or dans sa ville natale de Rochefort- sur- mer. « Cela me va bien d’être né dans la ville de Jacques Demy, explique- t- il. Lui aussi était assez atypique et un peu ailleurs. Avec l’âge, je le suis encore plus ! »

Les choses de la vie

Il arrive à Villefranc­he en 1990, juste avant la rénovation du théâtre deux ans plus tard, heureux de trouver un public « attentif et joyeux » . Fidèle à son éclectisme, il est le seul à programmer ce mois- ci à la fois La

Mouette de Tchekhov dans une version radicale signée Ostermeier, et Fleur de cactus avec Catherine Frot. « J’ai adoré cette production de boulevard que j’ai vue au théâtre Antoine, je la revendique ! » . Un mélange qu’on voit rarement dans les théâtres publics, auquel s’ajoute l’humour avec Vincent Dedienne ou Gaspard Proust ou encore le festival de musiques actuelles « Nouvelles voix en Beaujolais » . « Je suis un peu le Transbo, la danse et le théâtre à la fois, s’amuse Alain Moreau. Mais en moins prestigieu­x, donc avec plus de liberté à la marge. Et comme je suis au bout d’une histoire, j’y vais franchemen­t. » Une histoire dont il peut, en CDI, écrire la fin quand il veut… Mais il tient encore à garder ses derniers secrets de fabricatio­n.

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Alain Moreau programmat­eur éclectique prêt à « oser la radicalité » .

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