Ceviche sans sévices
Cela manquait au visage i nternat iona l i sant e t séducteur que se crée Lyon,
tranquillement, sans chirurgie esthétique. Le ceviche débarque. De quoi s’agit- il ? D’une spécialité de poisson, généralement cru, mariné dans une préparation citronnée et pimentée, plus ou moins sophist iquée, que l’on t rouve en Amérique du Sud, notamment le Pérou qui en a fait un succès à l’export. Cela change des ponchos, de la flûte horripilante et des Incas disparus. Mais au- delà des origines, le plat de base est devenu un exercice de style branché. Ainsi, l’excellent Ceviche à Londres, ou diverses adresses parisiennes qui pulsent et jouent avec, sans grand souci d’authenticité. Ce n’est donc pas le Pérou qu’on ira chercher à La Cevichela, mais plutôt la certaine bonne humeur et la fraîcheur de ce concept que l’on peut accompagner d’un cocktail et de tas d’autres petits plats.
Bar et resto. Car, à l’image de la symbolique macronienne, La Cevichela n’est ni un bar à cocktails qui fait restaurant, ni un restaurant qui propose des cocktails, mais à la fois un bar et un restaurant. « Vous êtes des
bobos ? » , nous a interpellé une voisine du « restaurant » , un peu vénère, nous cueillant à l’entrée. Ben ouais, un peu en fait : l’ardoise mélange des propositions d’huîtres, de bulots ( bons et charnus), des tiraditos ( cousins du ceviche privés de marinade), de burrata ( cousine de la mozza), poivrons farcis etc. sur lesquels se jettent des trentenaires très urbains, dans un décor particulièrement travaillé, à la fois précis, malin et décontracté. On a a imé l’ambiance, l’idée de pouvoir manger au bar, en revanche on imaginerait des ceviches ( péruvien, japonais, méditerranéen) avec un peu plus de caractère, sans ajouter ceinture et bretelles, tel le laap ( tartare épicé à la thaï ), lui plus fur ieux. De plus, la salade de poulpe dévorée de vinaigre et la tielle ( chausson sétois) insignifiante, sentent l’industrie. Mais voilà, le lieu débute, les tarots sont mesurés, et surtout on y est bien.